Présidentielle: la campagne à l'heure des droits des femmes
Congés parentaux, lutte contre les féminicides, égalité salariale: la campagne présidentielle a été placée mardi sous le signe des droits des femmes, les quatre principaux candidats de gauche se joignant à la manifestation parisienne à l'occasion de la journée internationale pour les droits des femmes.
L'écologiste Yannick Jadot et l'insoumis Jean-Luc Mélenchon ont profité du défilé pour évoquer longuement leurs propositions à 33 jours du premier tour. La socialiste Anne Hidalgo et le communiste Fabien Roussel n'ont pour leur part fait que de brefs passages.
"On est là pour dire à quel point la cause des femmes sera une priorité du prochain quinquennat", a déclaré Yannick Jadot à la presse. Le candidat écologiste a proposé un congé parental de 16 semaines, dont huit obligatoires pour les deux parents mais aussi l'égalité des salaires dans l'entreprise et l'inscription de "l'IVG dans la Constitution".
Sans oublier, "le fameux milliard d'euros qui permettra de sortir de l'impunité sur les violences faites au femmes" également proposé par Anne Hidalgo.
A droite et à l'extrême droite, Valérie Pécresse propose des "plans de rattrapage" en entreprise pour atteindre l'égalité salariale. Marine Le Pen veut l'inscription des "harceleurs de rue" au fichier des délinquants sexuels.
"La question des féminicides, c'est tout de même un casse-tête", a aussi insisté M. Mélenchon.Concernant l'égalité salariale, il propose de "passer en force" et d'augmenter "de 10%" dans les entreprises non respectueuses de la loi sur l'égalité.
Sur les 12 candidats engagés dans la course à l’Élysée, un tiers sont des femmes: Marine Le Pen (RN), Anne Hidalgo (PS), Valérie Pécresse (LR, également première femme à être désignée candidate du principal parti de droite) et Nathalie Arthaud (LO). Une proportion identique aux scrutins de 2002 et 2007.
- Témoignages contre Zemmour -
Pour le candidat d'extrême droite Éric Zemmour la journée a mal débuté, avec la publication par Mediapart de témoignages de huit femmes l'accusant de comportements inappropriés et d'agressions sexuelles pour des faits présumés allant de 1999 à 2019.
"Mediapart veut faire un coup le jour de la journée de la femme en recyclant des témoignages déjà sortis l'an dernier. Minable à cinq semaines du premier tour", a immédiatement réagi son entourage. Aucune plainte n'a été annoncée contre lui.
Mardi soir à Paris, lors d'un meeting avec ses supportrices, il a tenu à se poser en "défenseur des femmes" et de leur sécurité face aux "caïds" et aux "racailles".
La veille, Éric Zemmour avait prôné sur LCI "un équilibre" entre les "valeurs" de chaque sexe, arguant que "quand il y a un excès de valeurs féminines, c’est-à-dire la paix (…) il y a une faiblesse de la société par rapport à des sociétés qui resteraient plus viriles et qui pourraient les agresser". Pour lui, pas besoin d'agir sur l'inégalité salariale, qui selon lui, est de "5%" et va se résorber.
Le candidat Emmanuel Macron a souligné dès lundi vouloir faire "encore" de l'égalité femmes-hommes la "grande cause" de son quinquennat s'il était réélu. Il propose le "triplement du montant de l'amende des délits d'outrages sexistes" ou la "création d'un fichier des auteurs de violences conjugales".
La Haute autorité pour la transparence de la vie publique a par ailleurs dévoilé les déclarations des biens et participations des candidats à l’Élysée: environ un demi-million d'euros de patrimoine pour Emmanuel Macron, quelque 1,2 million pour Marine Le Pen, 4,2 pour Eric Zemmour ou encore 9,7 pour Valérie Pécresse.
Outre les quatre premiers candidats dans les sondages, les suivants ont déclaré près d'1,4 million pour Jean-Luc Mélenchon, 412.000 pour Yannick Jadot, 220.000 pour Fabien Roussel, 575.000 pour Anne Hidalgo, quelque deux millions d'euros pour Nicolas Dupont-Aignan, environ 630.000 euros pour Jean Lassalle, 219.000 pour Nathalie Arthaud et enfin 122.000 euros pour Philippe Poutou.
Du côté de l'extrême droite, Marion Maréchal, qui a rallié dimanche Eric Zemmour, a affirmé sur BFMTV qu'elle voterait "sans hésitation" pour Marine Le Pen si celle-ci parvenait au second tour face à Emmanuel Macron, mais a défendu la capacité de son candidat à "affaiblir le cordon sanitaire" entre la droite et l'extrême droite.
"A terme, l'idée sera de devoir se rassembler notamment dans la construction d’une future majorité présidentielle" aux élections législatives en juin, a fait valoir la nouvelle recrue.
Selon un sondage Elabe publié vendredi soir, Emmanuel Macron atteint 33.5% (+8.5 en une semaine) des intentions de vote exprimées, Mme Le Pen conserve une avance sur les autres prétendants au second tour (15%, -2), M. Mélenchon (13%, +0.5) dépasse M. Zemmour en baisse (11%, -3) et distance Valérie Pécresse (10.5%, -1.5). Anne Hidalgo est à 1,5%, derrière Fabien Roussel (3,5%).
(F.Bonnet--LPdF)