Au procès pour l'assassinat de Narumi Kurosaki, Nicolas Zepeda se dit innocent
Le Chilien Nicolas Zepeda a clamé son innocence mardi au premier jour de son procès pour l'assassinat de son ancienne petite amie japonaise, contournant les questions dérangeantes, tout en reconnaissant avoir voulu rencontrer Narumi Kurosaki à Besançon en décembre 2016.
"Je tiens à dire clairement que je n'ai pas tué Narumi, je nie de toutes mes forces ces accusations", a déclaré en espagnol devant la cour d'assises du Doubs l'homme de 31 ans, évoquant, la voix chevrotante, "une accusation monstrueuse" à son encontre.
Lui faisant face sur le banc de la partie civile, la mère et la plus jeune soeur de Narumi Kurosaki, qui ont fait le voyage depuis Tokyo, l'ont alors observé fixement, très émues.
En détention provisoire depuis l'été 2020 après son extradition par le Chili, le jeune homme est apparu serein et concentré, chemise bleu clair et cravate sombre, à l'ouverture de son procès.
Tout au long de la première journée d'audience, d'une voix claire et ferme, il s'est confié sur son parcours et sa relation avec Narumi Kurosaki, rencontrée lors d'une année d'études au Japon en 2015.
"On s'aimait beaucoup", a affirmé Nicolas Zepeda, résumant son année au Japon comme "une année vraiment merveilleuse".
Les messages de Narumi Kurosaki à sa mère, lus par le président de la cour Matthieu Husson, laissent percevoir une séparation houleuse et en plusieurs tentatives de la part de la jeune fille à l'automne 2016, peu après son arrivée à Besançon pour étudier le français. Ce qu'a contesté Nicolas Zepeda.
- Voir Narumi -
"Nicolas Zepeda a une aptitude à arranger la réalité selon sa propre version et à transformer les faits", a critiqué Me Sylvie Galley, avocate de la famille de Narumi, après l'audience.
"C'est particulièrement douloureux pour la famille, qui est en très grande souffrance aujourd'hui", a-t-elle ajouté, évoquant "l'état de mutisme et de sidération" de la mère de la victime.
Nicolas Zepeda est accusé d'avoir prémédité le meurtre de la jeune femme de 21 ans qui a disparu sans laisser de traces depuis le 4 décembre 2016. Son corps n'a jamais été retrouvé.
Interrogé par le président de la cour, Nicolas Zepeda a indiqué qu'il s'était rendu depuis le Chili à Besançon, où étudiait Narumi, pour voir s'il se sentait "à l'aise en Europe" et y poursuivre éventuellement ses études.
Pressé de questions, il a toutefois fini par admettre que sa rencontre avec son ancienne petite amie n'était pas fortuite, comme il l'avait prétendu devant les enquêteurs, mais qu'il "avai(t) peut-être aussi en tête de voir Narumi".
Lors de ce voyage de deux semaines, dont Narumi Kurosaki n'avait pas connaissance, "je me suis aperçu que ce serait une bonne chose de lui parler", a-t-il expliqué, interrogé par sa propre avocate, Me Jacqueline Laffont.
Selon l'accusation, Nicolas Zepeda a étouffé son ex-petite amie après une soirée de retrouvailles, s'est débarrassé de son corps dans une forêt du Jura et a envoyé des messages aux proches de l'étudiante sur les réseaux sociaux pour leur faire croire qu'elle était encore vivante et retarder le début des recherches.
Unique suspect, il ne nie pas cette rencontre mais affirme avoir quitté Narumi vivante avant de poursuivre son périple en Europe et de rentrer au Chili.
- Procès hors normes -
Hors normes avec sa traduction simultanée et intégral en espagnol et en japonais et ses témoignages en visioconférence sur douze fuseaux horaires, le procès de Nicolas Zepeda doit s'achever le 12 avril.
Premiers témoins du procès, le père puis la mère de Nicolas Zepeda, convaincus de son innocence, ont loué les qualités de leur fils, un enfant "joyeux" aimant le sport, un "jeune responsable", "une personne respectueuse" n'ayant jamais eu de souci avec la justice.
"Il n'a jamais fait de mal et encore moins à une personne qu'il aimait beaucoup", a assuré sa mère Ana Luz Contreras Retamal, non loin de son fils qui a écrasé quelques larmes à l'écoute de ses parents.
A l'issue de l'audience, levée vers 20H00, Nicolas Zepeda a rapidement étreint ses parents dans la salle du tribunal, tandis que, restées sur le banc des parties civiles, la soeur de Narumi Kurosaki pleurait dans les bras de sa mère.
(M.LaRue--LPdF)