Le Pays De France - Procès du 13-Novembre: Abdeslam n'a "pas osé", estime son coaccusé Abrini

Paris -
Procès du 13-Novembre: Abdeslam n'a "pas osé", estime son coaccusé Abrini
Procès du 13-Novembre: Abdeslam n'a "pas osé", estime son coaccusé Abrini / Photo: © AFP/Archives

Procès du 13-Novembre: Abdeslam n'a "pas osé", estime son coaccusé Abrini

Salah Abdeslam n'a "pas osé le faire, c'est tout". Au procès des attentats du 13-Novembre, Mohamed Abrini, ami d'enfance et coaccusé du seul membre encore en vie des commandos, a confirmé mercredi que ce dernier avait "renoncé" à enclencher sa ceinture explosive.

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Mohamed Abrini est de loin l'accusé le plus bavard depuis le début du procès, et pour cette dernière séquence d'interrogatoires, la cour d'assises spéciale de Paris a tenu à le faire passer avant son "pote" Salah Abdeslam.

Peut-être pour pousser ce dernier à parler ? Lors de son précédent interrogatoire, le 30 mars, le principal accusé avait surpris toutes les parties en décidant, pour la première fois après sept mois d'audience, de faire usage de son droit au silence.

Il avait seulement consenti, à la demande d'une avocate de parties civiles à laquelle il avait "promis" des réponses, à réaffirmer qu'il avait "renoncé à enclencher" son gilet explosif et qu'il l'avait caché près d'une poubelle.

"Je n'ai pas été jusqu'au bout, j'ai renoncé à enclencher ma ceinture, pas par lâcheté, pas par peur, mais je voulais pas, c'est tout", avait alors déclaré Salah Abdeslam.

"Il a pas osé le faire c'est tout", estime Mohamed Abrini, polo noir à manches longues, les traits tirés dans le box.

"L'homme au chapeau", qui a abandonné son charriot d'explosifs lors des attentats de Bruxelles en mars 2016, a affirmé lors d'un précédent interrogatoire qu'il était déjà "prévu" pour le 13-Novembre mais qu'il avait renoncé.

- "Version hollywoodienne" -

Mohamed Abrini, qui a accompagné "le convoi de la mort" jusqu'à la région parisienne, est rentré le 13 novembre 2015 au petit matin à Bruxelles, rejoignant une planque de la cellule jihadiste.

C'est dans cette cache qu'il assiste au retour de Salah Abdeslam le lendemain des attentats qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis.

"Il était épuisé, fatigué, il avait le teint pâle, il était blanc", décrit Mohamed Abrini. "Je dis la vérité, moi j'étais très content de le voir", poursuit-il.

Selon Mohamed Abrini, Salah Abdeslam se fait alors "engueuler" par l'un des organisateurs des attentats. "Il lui a dit: +Pourquoi t'as pas pris un briquet ou une clope pour te faire exploser !+"

"Je pense qu'il leur a dit que sa ceinture n'avait pas fonctionné", assure Mohamed Abrini. "Moi, je crois pas à cette version-là. C'est la version hollywoodienne que les médias veulent nous servir".

Le président Jean-Louis Périès rétorque que "des accusés" l'ont également dit, Salah Abdeslam le premier.

Après Mohamed Abrini, le dernier interrogatoire du seul membre encore en vie des commandos doit se concentrer sur son emploi du temps le soir du 13-Novembre et ses quatre mois de cavale, jusqu'à son interpellation à Bruxelles le 18 mars 2016.

Le soir du 13 novembre 2015, Salah Abdeslam abandonne sur une place du XVIIIe arrondissement de Paris la voiture avec laquelle il a convoyé les trois kamikazes du Stade de France, toujours muni de son gilet explosif.

- "L'erreur" d'une vie -

Envisageait-il une action dans un bar du nord de la capitale et a-t-il "renoncé" comme il l'aurait affirmé aux deux "copains", aujourd'hui coaccusés, qui sont venus le chercher en région parisienne et l'ont ramené en Belgique ?

Interrogés mardi, Mohammed Amri et Hamza Attou ont regretté "l'erreur" d'une vie, répétant qu'ils ne s'étaient à "aucun moment" doutés que Salah Abdeslam, qui avait prétexté un accident de voiture, était impliqué dans les attaques.

Sur le trajet du retour, Salah Abdeslam leur a dit qu'il "devait se faire sauter mais que ça n'a pas fonctionné". Il leur dit aussi avoir "renoncé" à attaquer un bar car "il y avait que des jeunes".

Au deuxième jour du procès, le 9 septembre, Salah Abdeslam avait dédouané Mohammed Amri, Hamza Attou et un troisième coaccusé, Ali Oulkadi. "Ils m'ont rendu des services alors qu'ils ne savaient rien du tout", avait lancé le Français, aujourd'hui âgé de 32 ans.

A la fin de son interrogatoire mercredi, Ali Oulkadi, qui est jugé pour avoir aidé Salah Abdeslam à son retour à Bruxelles le 14 novembre, a vivement interpellé ce dernier, l'accusant d'avoir "gâché (sa) vie".

"Si t'avais pas décidé de m'appeler ce jour-là, je ne serais pas ici. C'est des vies qui ont été gâchées pour rien", a-t-il lâché à la barre, au bord des larmes.

(C.Fontaine--LPdF)