Biden dénonce les propos "irresponsables" de Trump contre son procès
Le président des Etats-Unis Joe Biden a fustigé vendredi les propos "irresponsables" de son rival Donald Trump contre son procès où il a été jugé coupable, une "arnaque" selon l'ancien chef d'Etat qui aspire à le redevenir.
La campagne pour l'élection présidentielle du 5 novembre entre le président démocrate et son prédécesseur républicain est plongée dans l'incertitude depuis qu'un jury du tribunal de Manhattan a estimé jeudi que le milliardaire s'était rendu "coupable" de falsifications comptables.
Jamais un ancien président américain n'avait été reconnu coupable au pénal.
Depuis son gratte-ciel Trump Tower à Manhattan, Donald Trump a qualifié vendredi ce procès de "très injuste", voire de truqué mais sans en apporter la moindre preuve, et a promis de "faire appel de cette arnaque" une fois la peine prononcée le 11 juillet.
Dans un discours décousu de plus d'une demi-heure, l'homme d'affaires new-yorkais de 77 ans, qui en une décennie a bouleversé la démocratie américaine, a aussi accusé son successeur de 81 ans, qui l'a battu en 2020, et sa "bande", d'être des "malades" et des "fascistes" responsables de ses déboires judiciaires.
- Trump "menace la démocratie" -
Dans son discours, sans prendre la moindre question de la presse, Donald Trump s'est montré "confus, désespéré (...) Cet homme ne peut pas être président des Etats-Unis", a asséné dans un communiqué un responsable de la campagne Biden.
Sur X (ex-Twitter) le président lui-même a enfoncé le clou: son prédécesseur "menace la démocratie".
"Il a d'abord mis en doute notre système électoral. Ensuite, il a mis en doute notre système judiciaire", est-il écrit sur le compte X de Joe Biden.
Dès l'annonce choc jeudi du verdict de culpabilité pour falsifications comptables de paiements à l'actrice de films X Stormy Daniels, Donald Trump en a fait un argument de campagne.
"Je suis un prisonnier politique", clame-t-il dans un appel aux dons.
Il a recueilli 34,8 millions de dollars de dons en quelques heures, selon sa campagne, soit "presque le double de la journée la plus importante jamais enregistrée" sur la plateforme.
- "Verdict le 5 novembre" -
"Le vrai verdict aura lieu le 5 novembre, par le peuple américain", avait par ailleurs assuré Donald Trump en sortant jeudi, grimaçant, de la salle d'audience.
Certains dirigeants d'extrême droite populiste ont affiché leur soutien à Donald Trump, comme le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini qui a dénoncé un "harcèlement judiciaire" et un "procès politique".
La Russie, dont les relations avec les Etats-Unis sont au plus bas, a par la voix du porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, a dénoncé une "élimination des adversaires politiques" en Amérique.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a répondu depuis Prague que ces accusations de Moscou n'étaient que le "reflet" du propre comportement russe en la matière.
- Historique -
Même si le verdict de culpabilité de Donald Trump est historique, ce dernier pourra concourir à la présidentielle et l'impact sur le scrutin reste difficile à prédire.
Des sondages donnent les deux adversaires au coude-à-coude, avec le démocrate distancé dans certains Etats stratégiques.
Et ce verdict "ne va probablement pas faire bouger beaucoup de votes", prédit Keith Gaddie, politologue à l'université chrétienne du Texas (TCU). Mais pour des scrutins "particulièrement serrés, cela pourrait faire basculer les choses d'un côté à l'autre".
Reste que Donald Trump a fait preuve d'une incroyable résistance aux épreuves qui auraient détruit la carrière politique de beaucoup d'autres: deux fois mis en accusation devant la Congrès et inculpé dans quatre affaires pénales, dont celle de New York, il s'est largement et rapidement imposé aux primaires républicaines.
Privé de campagne sur le terrain pour assister aux audiences, Donald Trump a tout de même tenté d'en tirer un profit médiatique en prenant la parole plusieurs fois par jour en dehors de la salle d'audience, flanqué de ses enfants ou d'élus républicains venus le soutenir.
Mais cette séquence judiciaire pourrait également profiter à Joe Biden, qui compte bien renforcer son image de dirigeant sérieux, occupé aux plus hautes affaires de l'Etat pendant que son rival enchaîne les rendez-vous judiciaires.
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(C.Fontaine--LPdF)