Les fidèles accomplissent le dernier grand rituel du hajj, au premier jour de l'Aïd
Les fidèles musulmans ont accompli dimanche à Mina le dernier grand rituel du pèlerinage annuel en Arabie saoudite, sous un soleil de plomb, au premier jour de l'Aïd al-Adha, fête majeure de l'islam.
Dès l'aube, des groupes de pèlerins sont arrivés par vagues devant les stèles représentant Satan dans la vallée de Mina, sur lesquelles ils jettent des cailloux, avant de revenir dans la ville sainte proche de La Mecque pour de nouvelles circonvolutions autour de la Kaaba, au centre de la Grande mosquée.
Au moins deux d'entre eux ont été vu effondrés sur le bord de la route, à l'abri de rares bâtiments et voitures, à quelques centaines de mètres des stèles.
"C'est très difficile, nous ne trouvons pas de transports, je n'arrive plus à me lever", dit Ahmed Alsayed Omran, un retraité égyptien de 70 ans, assis à même le trottoir.
Les autorités saoudiennes n'ont pas communiqué sur le nombre de cas d'hyperthermie observés parmi les pèlerins, après trois jours de rituels à La Mecque et ses alentours, en plein été dans l'une des régions les plus chaudes au monde.
Plus de 10.000 cas avaient été enregistrés l'année dernière, selon les autorités, dont 10% de coups de chaleur, le cas le plus grave.
Des données publiées en 2023 par différents pays, en particulier l'Indonésie, avaient fait état d'au moins 230 morts durant le pèlerinage, sans préciser les causes.
Le royaume du Golfe n'a pas communiqué de chiffres sur les décès.
- "Tous égaux" -
C'est pendant le rituel de lapidation, qu'une bousculade avait coûté la vie à quelque 2.300 pèlerins en 2015. Le site a subi depuis d'importants aménagements permettant de fluidifier le mouvement des foules.
Malgré les très hautes températures, le rassemblement autour de la colline où le prophète Mahomet aurait prononcé son dernier sermon, temps fort du pèlerinage, s'est tenu dans une grande ferveur.
"Ce lieu nous montre qu'on est tous égaux, qu'il n'y pas de différences entre les musulmans du monde", a dit Amal Mahrouss, une femme de 55 ans venue d'Egypte.
Le hajj est l'un des cinq piliers de l'islam. Il doit être accompli par tous les musulmans au moins une fois dans leur vie s'ils en ont les moyens.
Comme en 2023, plus de 1,8 million de fidèles y ont pris part cette année, dont 1,6 million venus de l'étranger, ont annoncé les autorités saoudiennes.
- Fête du sacrifice -
Le rituel de la lapidation se déroule au premier jour de l'Aïd al-Adha, une fête célébrée par les musulmans à travers le monde en souvenir du sacrifice qu'avait failli accomplir Abraham en voulant immoler son fils, avant que l'ange Gabriel ne lui propose in extremis de tuer un mouton à sa place, selon la tradition.
A cette occasion, les pratiquants égorgent une bête, en général un mouton, et offrent une partie de la viande aux nécessiteux.
Les célébrations sont toutefois assombries cette année par la guerre entre Israël et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza.
"Nous ne ressentons pas l'Aïd car nos frères à Gaza sont opprimés sous l'occupation (israélienne)", affirme Najem Nawwar, pèlerin égyptien de 43 ans.
Le roi saoudien Salmane a fait venir à ses frais au hajj 2.000 Palestiniens, dont la moitié sont des membres de familles de victimes de Gaza réfugiés à l'étranger.
Les autorités ont prévenu qu'aucun slogan politique ne serait toléré durant le hajj.
Mais cela n'a pas empêché de nombreux pèlerins d'exprimer auprès de l'AFP leur solidarité avec les Palestiniens.
"Nous prions pour eux (...) et pour la libération de la Palestine, afin que nous ayons deux fêtes au lieu d'une", dit Wadih Ali Khalifah, un Saoudien de 32 ans.
(A.Monet--LPdF)