MeToo cinéma: le réalisateur Christophe Ruggia jugé en décembre pour des agressions sexuelles sur Adèle Haenel
Les violences sexuelles dénoncées par Adèle Haenel en 2019 avait bouleversé le cinéma français: le réalisateur Christophe Ruggia sera jugé en décembre par le tribunal correctionnel de Paris pour des agressions sexuelles de l'actrice quand elle était mineure.
Le réalisateur sera jugé les 9 et 10 décembre au tribunal correctionnel de Paris pour agressions sexuelles aggravées par deux circonstances: la minorité de la victime - Adèle Haenel était âgée de 12 à 14 ans - et la position d'autorité du cinéaste, selon l'ordonnance de renvoi signée mardi et consultée samedi par l'AFP.
Christophe Ruggia, âgé désormais de 59 ans, conteste les accusations depuis le début de la procédure.
Ses avocates Fanny Colin et Orly Rezlan n'ont pas souhaité commenter. Les conseils d'Adèle Haenel, 35 ans, n'ont pu être joints dans l'immédiat par l'AFP.
Les faits qui seront évoqués lors du procès s'étalent de septembre 2001 à février 2004.
En revanche, la juge d'instruction a ordonné un non-lieu pour les agressions sexuelles dénoncées par l'actrice lors de festivals, au Japon en juin 2002 et au Maroc en septembre 2002. La période allant de janvier à fin août 2001 est également exclue des poursuites.
"Adèle Haenel a dénoncé de manière circonstanciée, constante et précise plusieurs épisodes d'attouchements de nature sexuelle sur son sexe et sa poitrine tout en fournissant des détails sur le déroulement des faits, leur caractère systémique lors de visites au domicile de Christophe Ruggia, la configuration des lieux, leurs positons respectives et le mode opératoire", relève la juge d'instruction dans son ordonnance.
La magistrate note également "son état de sidération" au moment des faits, "les répercussions psychologiques" des agressions et ses confidences à plusieurs proches "au fil des années".
Le réalisateur, le premier à l'avoir fait tourner dans le film "Les Diables" (2002), a imposé "une contrainte psychologique progressive" à l'adolescente qui présentait au moment des faits, selon une expertise psychologique, une "particulière vulnérabilité".
Pour la magistrate, "l'absence de consentement", donc "la contrainte", est caractérisée par l'âge d'Adèle Haenel au moment des faits et "l'importante différence d'âge entre les deux protagonistes".
- "Harcèlement sexuel permanent" -
Alors âgé de 36 à 39 ans, Christophe Ruggia l'avait reçue tous les samedis après-midis pendant près de trois ans à son domicile.
L'affaire, emblématique du mouvement #Metoo au cinéma, avait été révélée en 2019 par une longue enquête et interview de l'actrice à Mediapart.
Elle avait dénoncé l'"emprise" du réalisateur, peu connu du grand public, pendant la préparation et le tournage du film. Puis un "harcèlement sexuel permanent", des "attouchements" répétés et des "baisers forcés dans le cou", qui auraient eu lieu chez lui et lors de plusieurs festivals internationaux.
Refusant dans un premier temps de saisir la justice, Adèle Haenel avait finalement porté plainte, quelques jours après l'ouverture d'une enquête préliminaire par le parquet de Paris le 6 novembre 2019.
Christophe Ruggia est mis en examen depuis le 16 janvier 2020 pour "agressions sexuelles sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité sur la victime" et il est sous contrôle judiciaire.
Plusieurs figures du cinéma français sont rattrapées par des accusations de violences sexuelles.
L'acteur Gérard Depardieu, mis en examen depuis 2020 pour viols et agressions sexuelles sur la comédienne Charlotte Arnould, sera jugé en octobre pour des violences sexuelles sur deux femmes lors du tournage "Les volets verts" de Jean Becker en 2021.
L'actrice Judith Godrèche, 52 ans, a déclenché une nouvelle tempête en accusant publiquement en début d'année Benoît Jacquot de viols puis Jacques Doillon d'agression sexuelle. Mais les faits qu'elle dénonce semblent prescrits.
Benoît Jacquot a néanmoins été mis en examen début juillet pour viols sur les actrices Julia Roy en 2013 et Isild le Besco entre 1998 et 2000. Placé sous contrôle judiciaire, il a interdiction d'exercer la profession de réalisateur et d'assister à des événements publics en lien avec le cinéma.
Jacques Doillon lui, a vu sa garde à vue levée pour raisons médicales. Il est notamment accusé notamment de viols, coups et blessures et violences psychologiques par Joe Rohanne, personne trans non binaire.
(N.Lambert--LPdF)