"Deepfake" pornographiques: Telegram accepte de coopérer avec la Corée du Sud
La messagerie Telegram a accepté de collaborer avec les autorités de Corée du Sud dans l'enquête sur la vague de diffusion de contenus pornographiques truqués qui sévit dans le pays, a annoncé lundi le régulateur des télécommunications sud-coréen.
En août, les autorités avaient découvert un gigantesque réseau de canaux Telegram, souvent créés depuis des écoles ou des universités, dans lesquels les utilisateurs partagaient du "deepfake porn", des montages générés avec l'intelligence artificielle dans lesquels des visages d'individus sont plaqués sur des photos ou dans vidéos sexuelles.
Les créateurs de ces contenus illégaux piochaient souvent les photos de leurs victimes sur les réseaux sociaux. D'après la police, la plupart des victimes sont des femmes, dont 60% de mineures.
La police sud-coréenne, dont les demandes de coopération étaient au départ ignorées par Telegram, avait ouvert fin août une enquête contre la messagerie pour "encouragement de ces crimes".
Elle a fait savoir lundi qu'elle avait reçu des centaines de plaintes pour des "deepfakes" et arrêté un total de 387 suspects.
Finalement, la Commission coréenne des standards des communications (KCSC) s'est réunie la semaine dernière avec des représentants de Telegram.
La messagerie a affirmé "comprendre parfaitement la situation en Corée où les crimes de deepfake sexuels sont devenus un problème social" et s'est engagée à appliquer une politique de tolérance zéro, a indiqué la KCSC lundi.
En un mois, la Commission a demandé à Telegram d'effacer 148 vidéos deepfake, la messagerie a obtempéré "et nous a immédiatement envoyé les résultats", a déclaré aux journalistes le président de la KCSC, Ryu Hee-lim.
De son côté, la police sud-coréenne a indiqué qu'elle avait commencé elle aussi à échanger avec Telegram lundi, après avoir longtemps été ignorée.
"Il y a du progrès dans les communications", a déclaré aux journalistes un haut-responsable de la police, Woo Jong-soo.
Fondée en 2013, Telegram s'était engagée depuis ses débuts à ne jamais dévoiler d'informations sur ses utilisateurs, et avait la réputation d'être récalcitrante à toute coopération avec la police ou la justice.
Elle a commencé à changer d'attitude après l'arrestation et l'inculpation en France de son fondateur et patron, Pavel Durov, notamment pour "refus de communiquer les informations nécessaires aux interceptions autorisées par la loi" et pour complicité de délits et de crimes organisés via la plateforme.
Début septembre, M. Durov avait promis de faire de la modération sur Telegram "une source de fierté".
(H.Leroy--LPdF)