Rugbymen accusés de viol en Argentine: Auradou de retour sur les terrains samedi
L'international français Hugo Auradou va retrouver les terrains de rugby samedi en Top 14 avec Pau à Perpignan, presque trois mois jour pour jour après l'affaire de viol présumé, pour laquelle il est toujours poursuivi en Argentine avec Oscar Jegou.
"Il démarrera la rencontre", a précisé le manager de la Section paloise Sébastien Piqueronies, vendredi en conférence de presse d'avant-match.
"Il n'y a pas de surprise, vous l'avez vu s'entraîner avec nous, le jour est venu de le mettre sur un terrain de rugby et ça sera demain", a-t-il ajouté, évoquant "le fruit d'une logique d'accompagnement", "une étape de plus, la logique des choses depuis le mois de juillet".
"Rien ne l'interdit de jouer au rugby, il est présumé innocent. Aujourd'hui il convient à ceux qui le défendent et à la direction du club d'assumer la cohérence comme ils l'ont fait depuis le début", a encore ajouté le manager palois.
Hugo Auradou et Oscar Jegou, tous deux 21 ans, sont inculpés en Argentine de viol aggravé, car en réunion, pour des faits présumés survenus dans la nuit du 6 au 7 juillet dans une chambre d'hôtel de Mendoza, où ils venaient de remporter un match contre l'Argentine pour leur première sélection avec le XV de France.
- Demande de non-lieu -
Les joueurs affirment depuis le début que les relations sexuelles avec la plaignante de 39 ans, rencontrée en boîte de nuit, étaient consenties. D'abord détenus puis placés en résidence surveillée, ils ont été libérés mi-août, puis autorisés à quitter l'Argentine dans l'attente de la fin de l'instruction, le parquet estimant "que l'accusation initiale a perdu de sa force". Ils ont regagné la France le 4 septembre.
Hugo Auradou, fils de l'ancien international David Auradou, avait fait son retour au centre d'entraînement de Pau cinq jours plus tard et repris l'entraînement collectif mi-septembre.
Oscar Jegou, lui, a repris la semaine dernière avec La Rochelle, où il joue au poste de troisième ligne, mais aucune date n'a pour l'instant été évoquée publiquement pour son retour à la compétition.
La justice de Mendoza doit dans les tout prochains jours fixer une date d'audience pour l'examen de la demande de non-lieu déposée fin août par les avocats des joueurs.
Le parquet a validé la semaine dernière un dernier acte, un rapport d'expertise psychiatrique et psychologique de la plaignante, qui semble fragiliser sa position.
- "Pression politique" dénoncée -
Les deux praticiens, co-auteurs de ce rapport auquel l'AFP a eu accès, ont relevé "une série d'inconsistences et de contradictions (...) qui dessinent globalement un récit peu vraisemblable".
La plaignante a pour sa part exposé jeudi, devant une commission législative, son sentiment de droits "bafoués" par la justice, après avoir demandé en vain, par le biais de ses avocats, la récusation des deux procureurs chargés de l'enquête.
Dans un entretien à l'AFP, début septembre, elle s'était dit "abandonnée par la justice de Mendoza". Ils me traitent comme une criminelle alors que je suis la victime", avait-elle ajouté.
"Il n'y a pas eu d'accord" en commission pour faire une requête formelle d'explications au procureur chargé de l'enquête, a regretté le président de cette commission législative Jose Luis Ramon, qui formulera donc, à titre personnel de président, une demande d'accès au dossier de l'instruction aux fins d'information, car "il y a quelque chose qui sent mauvais" dans cette affaire.
Il a déploré une "pression politique" pour clore le dossier, une "vitesse extrême" des décisions du parquet, et rappelant que l'avocat des rugbymen est le frère du ministre de la Justice du gouvernement argentin.
(Y.Rousseau--LPdF)