Le Pays De France - En Angleterre, la mort d'une Britannique empoisonnée au Novitchok au centre d'une enquête publique

Paris -
En Angleterre, la mort d'une Britannique empoisonnée au Novitchok au centre d'une enquête publique
En Angleterre, la mort d'une Britannique empoisonnée au Novitchok au centre d'une enquête publique / Photo: © METROPOLITAN POLICE/AFP/Archives

En Angleterre, la mort d'une Britannique empoisonnée au Novitchok au centre d'une enquête publique

Dawn Sturgess est morte en 2018 en Angleterre, victime collatérale de l'empoisonnement de l'ex-agent double russe Sergueï Skripal au Novitchok. Une enquête publique démarre lundi sur cette affaire qui avait provoqué une profonde crise diplomatique entre Londres et Moscou.

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L'enquête publique, qui vise à éclaircir les circonstances du décès de Dawn Sturgess, ouvre alors que les relations entre les pays occidentaux et Moscou sont gelées depuis l'invasion russe de l'Ukraine, en février 2022.

Les auditions auront lieu la première semaine à Salisbury. C'est dans cette ville du sud-ouest de l'Angleterre que le 4 mars 2018, Sergueï Skripal, un ancien agent double, et sa fille avaient été retrouvés inconscients sur un banc et hospitalisés dans un état grave.

Tous deux ont survécu, contrairement à Dawn Sturgess, une Britannique de 44 ans.

Elle est morte en juillet 2018 après s'être servie de ce qu'elle pensait être un parfum, mais qui était en fait du Novitchok, un produit neurotoxique, contenu dans un flacon trouvé en juin par son compagnon dans une poubelle à Amesbury, à une quinzaine de kilomètres de Salisbury.

Le Royaume-Uni tient Moscou pour responsable de ces empoisonnements avec cette substance, développée à des fins militaires à l'époque soviétique. La Russie a toujours nié être impliquée.

L'affaire avait provoqué une crise diplomatique entre les deux pays et des expulsions réciproques de diplomates sans précédent depuis la fin de la Guerre froide.

- Sous protection -

Theresa May, qui était Première ministre au moment des faits, a dit à la BBC espérer qu'à la fin de l'enquête publique, les proches de Dawn Sturgess "auront le sentiment d'avoir découvert la vérité". Mais "il est très peu probable" qu'ils parviennent à obtenir justice, a-t-elle admis.

Trois agents des services de renseignement russes ont été inculpés dans l'enquête pénale britannique et sont sous le coup de mandats d'arrêt.

En raison de craintes pour leur sécurité, Sergueï Skripal et sa fille ne seront pas entendus par l'enquête publique, présidée par l'ancien juge de la Cour suprême Anthony Hughes.

Les proches de Dawn Sturgess avaient demandé à ce qu'ils soient présents, mais Anthony Hughes s'y est opposé, estimant qu'il y avait "un risque énorme" d'attaque contre les Skripal.

"Il y a toutes les raisons de penser qu'une attaque similaire à celle (...) de 2018 reste un risque réel si Sergueï ou Ioulia étaient identifiés et si l'on découvrait où ils se trouvent", a-t-il dit.

Depuis leur tentative d'assassinat, ils vivent cachés sous protection.

L'une des questions clés de l'enquête publique est de savoir comment et pourquoi il y avait encore du Novitchok dans la région de Salisbury plusieurs semaines après l'empoisonnement des Skripal.

Des membres du NHS, le service public de santé, de la police et des services de renseignements seront entendus lors de l'enquête publique.

La police a prévenu les habitants de Salisbury qu'il y aurait une présence policière accrue dans la ville le temps des auditions. "Il s'agit uniquement d'une mesure de précaution, rien ne laissant supposer un risque sérieux", a assuré la police.

Le rapport final de l'enquête publique est attendu en 2025.

L'opposant numéro 1 à Vladimir Poutine, Alexeï Navalny, mort en février dans une prison russe, avait lui aussi été victime d'un empoisonnement au Novitchok en août 2020.

En 2006, l'ex-agent du KGB puis du FSB Alexandre Litvinenko, exilé au Royaume-Uni, est mort à 43 ans, une vingtaine de jours après avoir été empoisonné au polonium 210, une substance radioactive extrêmement toxique.

La Cour européenne des droits de l'homme a jugé en 2021 la Russie "responsable" de cet assassinat, ce que le Kremlin a toujours nié.

(H.Duplantier--LPdF)