Des Birmans, une Bélarusse et Greta Thunberg en lice pour le Nobel de la paix
Des défenseurs de la démocratie en Birmanie, une opposante bélarusse, le pape, des figures de la cause climatique et environnementale tels la jeune Greta Thunberg et le vénérable David Attenborough: comme à l'accoutumée, les candidatures au Nobel de la paix forment un inventaire à la Prévert.
Au lendemain de la date-limite pour l'envoi de candidatures au Nobel, fixée au 31 janvier, quelques noms de prétendants ont été dévoilés par les bonnes grâces de leurs parrains. La liste complète des candidats reste, elle, un secret bien gardé pendant au moins 50 ans, comme l'exigent les statuts Nobel.
Un an tout juste après le putsch militaire en Birmanie, un élu norvégien a ainsi annoncé mardi avoir proposé la candidature du "gouvernement d'unité nationale", vestige du gouvernement d'Aung San Suu Kyi renversé le 1er février 2021.
"C'est le seul gouvernement légitime en Birmanie", a déclaré à l'AFP Ola Elvestuen, député du petit parti Libéral, à propos de ce gouvernement de résistance formé le 16 avril dernier par des députés déchus et des représentants de minorités ethniques.
La Birmanie est plongée dans le chaos depuis que l'armée, alléguant de fraudes massives, y a annulé les législatives remportées par le parti d'Aung San Suu Kyi et renversé le gouvernement que celle-ci --elle-même prix Nobel de la paix en 1991-- dirigeait de facto.
Parmi les autres candidatures au Nobel annoncées figure d'ailleurs le mouvement de désobéissance civile en Birmanie, proposé par un universitaire norvégien.
Des dizaines de milliers de personnes (parlementaires et ministres de tous les pays, anciens lauréats, certains professeurs d'université, etc) sont habilitées à soumettre une candidature au Nobel de la paix.
Les cinq membres du comité Nobel norvégien auront aussi la possibilité de mettre des noms sur la table lors de leur première réunion visant à examiner les candidatures, le 4 mars.
- Ministre qui se mouille -
Sur la liste des prétendants connus, on retrouve beaucoup d'habitués des nominations: le pape François, l'égérie suédoise de la cause climatique Greta Thunberg, et le naturaliste britannique et inlassable défenseur de l'environnement David Attenborough proposé conjointement avec les experts biodiversité de l'ONU (IPBES).
Ou encore l'opposante bélarusse Svetlana Tikhanovskaïa, qui a les faveurs de l'Institut de recherche sur la paix d'Oslo (PRIO).
Elle "a joué un rôle de premier plan dans la contestation non-violente (du président Alexandre) Loukachenko et des autorités bélarusses, appelant à la fois à des élections équitables et à la fin de la violence contre ceux qui manifestaient contre les abus du régime actuel, a souligné Henrik Urdal, directeur du PRIO.
Une autre élue norvégienne dit avoir proposé le ministre des Affaires étrangères des Tuvalu, Simon Kofe, qui avait marqué les esprits en tenant un discours adressé à la conférence internationale COP26, filmé debout dans l'océan, de l'eau jusqu'aux cuisses.
"Tuvalu et les autres nations insulaires du Pacifique font un travail important pour nous réveiller et résoudre la plus grande menace pour une paix mondiale durable: la crise climatique", a tweeté Guri Melby.
Autres noms circulant dans les médias norvégiens: le Conseil de l'Arctique, WikiLeaks, la lanceuse d'alerte Chelsea Manning, l'Iranienne Masih Alinejad qui milite contre l'obligation pour les femmes de porter le voile, ou encore l'Otan, sur fond de tensions entre l'Occident et la Russie autour de l'Ukraine.
Alors que l'actualité mondiale est dominée depuis deux ans par la pandémie de Covid-19, des individus ou organisations luttant contre la menace sanitaire ont aussi probablement été nominés.
Etre proposé pour le prix n'a en soi pas valeur d'adoubement de la part du comité Nobel.
Le nom du ou des lauréat(s) sera annoncé début octobre à Oslo.
L'an dernier, le prix était allé à deux journalistes champions de la liberté d'information, la Philippine Maria Ressa et le Russe Dmitri Mouratov.
(R.Dupont--LPdF)