Une vague de chaleur très précoce arrive sur la France
Nouveau signe du réchauffement de la planète, une vague de chaleur particulièrement précoce est attendue à partir de mercredi en France, avec des températures entre 35 et 38°C sur la moitié sud, dans un contexte de sécheresse qui fait déjà craindre pour les récoltes.
Cet épisode lié à une dépression localisée entre les Açores et Madère qui favorise les remontées d'air chaud sur l’Europe occidentale, devrait arriver dès mardi soir sur l'extrême-sud du pays, avant de s'étendre mercredi à toute la moitié sud, jusqu'au week-end, selon Météo-France, qui note une incertitude concernant la moitié nord.
Cette forte chaleur sur plusieurs jours, dès la mi-juin, est "extrêmement précoce", a indiqué à l'AFP Frédéric Nathan, prévisionniste chez Météo-France.
Le mercure est déjà monté très haut en juin par le passé, en particulier lors d'une des canicules de 2019 avec un record absolu pour la France métropolitaine de 46°C à Vérargues (Hérault), mais c'était à la toute fin du mois.
Entre jeudi et samedi, des températures très élevées de 35°C à 38°C sont attendues sur la moitié sud, et le mercure pourrait même frôler les 40°C localement. Les températures minimales ne devraient pas descendre sous les 20°C la nuit.
Une vague de chaleur "exceptionnelle voire proche des records", a commenté sur Twitter le climatologue Christophe Cassou, insistant sur la multiplication de ce type d'épisodes en raison du réchauffement de la planète.
"Les faits sont clairs; les observations confirment nos projections mois après mois. L’intensité et la précocité de cette vague de chaleur en sont un nouvel exemple", a-t-il insisté. "Le déni de gravité n'est plus une option. Ne pas être à la hauteur est aujourd'hui irresponsable".
Les prévisions ne permettent pas pour l'instant de qualifier l'épisode de "canicule", qui répond à des critères précis adaptés aux zones géographiques (période de chaleur intense et durable, de jour comme de nuit, sur une période prolongée supérieure à trois jours en général). Il est toutefois possible que le seuil de canicule soit atteint voire dépassé sur certains départements, selon Météo-France.
- Danger pour les plus vulnérables -
Dans ce cas, depuis 2004 et les leçons de la canicule de l'été 2003 qui avait fait plus de 15.000 morts, Météo-France peut déclencher des vigilances oranges, voire rouges, pour faire face aux risques sanitaires pour les populations les plus vulnérables et aux risques socio-économiques (transports, réseau électrique...).
En l'état actuel des prévisions, l'extension de la vague de chaleur de cette semaine vers la moitié nord du pays est encore "incertaine", mais il devrait aussi y avoir une "bouffée de chaleur", selon Frédéric Nathan, qui évoque la possibilité de 35°C à Paris par exemple vendredi ou samedi.
La multiplication et l'intensification des vagues de chaleur aux quatre coins de la planète sont les manifestations les plus évidentes du réchauffement climatique provoqué par les émissions de gaz à effet de serre qu'experts et militants appellent à réduire drastiquement et immédiatement pour limiter les impacts déjà à l'oeuvre.
En France, les données montrent bien cette multiplication. Ainsi, sur les 43 vagues de chaleur détectées depuis 1947, 9 ont eu lieu avant 1989, le reste entre 1989 et 2020: soit "3 fois plus de vagues de chaleur ces 30 dernières années que durant les 42 années précédentes", souligne Météo-France.
Et ce n'est que le début. Même dans un scénario optimiste de baisse majeure des émissions, le nombre de jours de vagues de chaleur ou de canicules devrait doubler d'ici la fin du siècle en France.
L'épisode de cette semaine intervient après un printemps particulièrement chaud et sec qui a provoqué sur une grande partie de l'Hexagone une sécheresse des sols qui fait craindre pour les récoltes et crée des conditions propices pour les incendies.
Malgré les pluies enregistrées la semaine dernière sur une partie du territoire, "on reste dans une situation très préoccupante avec des sols extrêmement secs et cela ne va pas arranger la situation", a noté Frédéric Nathan.
Dans ce contexte, de plus en plus de départements mettent en place des restrictions d'utilisation de l'eau. Au 12 juin, 35 départements avaient pris des arrêtés en ce sens, selon le site officiel Propluvia, contre 22 il y a dix jours.
(V.Blanchet--LPdF)