Fin de règne pour Jean-Jacques Bourdin chez BFMTV et RMC
Ecarté de l'antenne depuis fin janvier, Jean-Jacques Bourdin restera sur la touche: Altice, la maison mère de BFMTV et RMC, a décidé vendredi de se séparer de son journaliste vedette de 73 ans, visé par des accusations d'agression sexuelle qu'il conteste "fermement".
La direction d'Altice Média "a décidé de mettre un terme au contrat de travail de monsieur Jean-Jacques Bourdin et ainsi cesser toute collaboration", a-t-elle indiqué dans un communiqué, invoquant les "événements intervenus et portés" à sa connaissance "au cours de l'année 2022".
"Nous nous séparons, je suis tellement heureux d'être libéré, je repars pour de nouvelles aventures (...) vive le journalisme libre et indépendant !!", a réagi sur Twitter le sniper du PAF, connu pour ses interviews offensives pendant ses 21 ans à l'antenne de RMC, RMC Découverte et BFMTV.
Altice avait diligenté une enquête interne mi-janvier, après avoir appris "par voie de presse" que son journaliste vedette était visé par une plainte pour "agression sexuelle".
Une enquête judiciaire avait été ouverte dans la foulée, rendant difficilement tenable, en pleine campagne présidentielle, le maintien de l'intervieweur politique à l'antenne.
- Etrillé en direct -
Pour le lancement le 18 janvier de "La France dans les yeux", émission politique, la première invitée, la candidate LR Valérie Pécresse, avait étrillé Jean-Jacques Bourdin en direct, dénonçant "la loi du silence" autour des violences faites aux femmes.
Environ un mois plus tard, la journaliste Fanny Agostini, ancienne présentatrice météo de BFMTV-RMC, passée ensuite par "Thalassa", avait révélé à Mediapart être à l'origine de la plainte déposée pour tentative d'agression sexuelle.
Dans sa plainte, elle racontait que M. Bourdin lui avait "saisi le cou", et avait "essayé de (l')embrasser à plusieurs reprises", sans y "parvenir", dans la piscine d'un hôtel de Calvi (Haute-Corse) en octobre 2013.
Elle se serait "débattue" et serait parvenue à sortir de la piscine. Jean-Jacques Bourdin aurait alors dit: "J'obtiens toujours ce que je veux".
Puis il lui aurait envoyé "durant plusieurs mois" des mails et des SMS insistants, selon la journaliste aujourd'hui âgée de 33 ans, qui dit avoir "été sans cesse dans la peur" jusqu'à son départ du groupe en 2017.
Mi-février, une seconde femme avait déposé plainte pour agression sexuelle, harcèlement et exhibition sexuelle, pour des faits remontant à la fin des années 1980.
- "pas une surprise" -
L'enquête a été classée sans suite en avril pour prescription, le délai en la matière étant de six ans.
Le journaliste avait dénoncé "l'instrumentalisation publique de cette procédure" et déploré les "atteintes graves" à sa vie personnelle et professionnelle.
Contacté par l'AFP, la direction d'Altice n'a pas souhaité commenter sa décision vendredi, mais en interne, son départ n'est pas "forcément une surprise".
"On sentait que globalement c'était un peu, de toute façon, la fin entre BFM et Jean-Jacques Bourdin", qui avait perdu la présentation de la matinale BFMTV-RMC en 2020 au profit d'Apolline de Malherbe, a rappelé à l'AFP un journaliste de BFMTV, sous couvert d'anonymat.
"Il avait dit clairement qu'il arrêterait l'interview politique après la présidentielle", a abondé un confrère de RMC, précisant n'avoir eu aucun écho, "officiel ou officieux", de l'enquête interne et se disant "surpris du ton du communiqué" de la direction.
Lancé en 2001 sur RMC, le face-à-face matinal de 8H30 de "Bourdin", essentiellement avec des personnalités politiques, avait relancé la carrière du journaliste à l'aube de la cinquantaine. Misant sur un ton offensif et anti-parisien, le natif de Bois-Colombes était parvenu à relever les audiences de la station.
Auparavant, il avait été pendant 25 ans une des voix emblématiques de RTL avec son accent du sud rocailleux.
(C.Fontaine--LPdF)