Charles III arrivé à Paris pour sa première visite d'Etat en France
Après un premier rendez-vous manqué il y a six mois, le roi Charles III a entamé mercredi une visite d'Etat de trois jours en France, empreinte de solennité et de faste, pour célébrer la relance de l'amitié franco-britannique après les turbulences du Brexit.
L'avion royal, aux couleurs de l'Union Jack, a atterri vers 14H00 (12H00 GMT) à l'aéroport parisien d'Orly où Charles III, 74 ans, et Camilla, 76 ans, vêtue de rose et coiffée d'un chapeau assorti aux allures de béret, ont été accueillis par la Première ministre Elisabeth Borne.
Charles III et Camilla sont désormais attendus par le président français Emmanuel Macron et son épouse Brigitte à l'Arc de Triomphe à 14H45 (12H45 GMT) pour une cérémonie de ravivage de la flamme sur la tombe du Soldat inconnu, suivie d'une descente des Champs-Elysées. La Patrouille de France et les Red Arrows, la patrouille acrobatique de la Royal Air Force, effectueront un passage conjoint dans le ciel parisien.
Le roi et le président emprunteront ensuite l'avenue la "plus célèbre du monde" à bord d'une Citröen DS7 décapotable escortée par 136 chevaux de la Garde républicaine pour rejoindre le palais de l'Elysée où ils auront un entretien en tête-à-tête.
En mars, la visite de Charles III en France, qui aurait dû être sa première visite en tant que roi à l'étranger, avait dû être annulée à la dernière minute sur fond de violentes manifestations en France contre la réforme des retraites. Il s'était finalement rendu à Berlin.
Six mois plus tard, le calme est revenu et l'heure est de nouveau à "l'Entente cordiale", ou concorde franco-britannique, dont les 120 ans seront célébrés en avril.
Lors d'un sommet en mars, Emmanuel Macron et le Premier ministre Rishi Sunak avaient tourné la page de plusieurs années de brouilles sur le Brexit, la pêche et les migrants. Pour ces grandes retrouvailles, la France, qui décapita son dernier roi en 1793, a sorti le grand jeu.
"Bienvenue votre majesté!", avait lancé mercredi matin sur X (ex-Twitter) Emmanuel Macron. "Vous étiez venu en tant que prince, vous revenez en tant que roi", ajoute-t-il, dans un message accompagné d'une vidéo des précédentes visites en France du prince héritier.
- Dans les pas d'Elizabeth II -
Autre temps fort de la visite, le dîner d'Etat mercredi soir à Versailles, un clin d'oeil à la mère du roi, Elizabeth II, qui fut invitée à déjeuner dans le même décor somptueux en 1957 et revint à Versailles en 1972.
Le roi était sensible à l'idée de "marcher dans les pas de sa mère", souligne l'Elysée. Il se rendra aussi jeudi au Marché aux fleurs à Paris, qu'Elizabeth II affectionnait et qui avait été rebaptisé de son nom en 2014.
A Versailles, symbole de la monarchie absolue du "Roi-Soleil" Louis XIV, la République va mettre les petits plats dans les grands: homard bleu, volaille de Bresse et macaron à la rose, préparés par des chefs étoilés, seront servis à la table du roi dans une porcelaine de Sèvres.
- Mick Jagger et Hugh Grant -
Parmi les invités, le chanteur des Rolling Stones, Mick Jagger, les acteurs Hugh Grant, Charlotte Gainsbourg et Emma Mackey, l'écrivain Ken Follett ou encore l'ancien entraîneur de football Arsène Wenger.
En conviant Charles III à Versailles, Emmanuel Macron s'inscrit dans les pas du général de Gaulle, qui avait fait du château une véritable carte de visite diplomatique, et envoie un signal fort au Royaume-uni.
Que ce soit en 1957, un an après la crise du Canal de Suez, en 1972 lors de l'entrée du Royaume-uni dans la Communauté économique européenne (CEE) ou en 2023, "à chaque fois qu'on a voulu marquer une relation privilégiée avec l’Angleterre, il y a eu une réception à Versailles", souligne l'historien Fabien Oppermann.
Le roi, qui entend asseoir son image à l'international un an après son accession au trône, entamera jeudi la partie la plus politique de sa visite avec un discours à la tribune du Sénat français, une première pour un souverain britannique.
Il mettra aussi en avant un sujet qui lui tient à coeur, l'environnement, lors d'une table ronde au Museum national d'histoire naturelle puis vendredi à Bordeaux, dans une région durement frappée par les incendies en 2022 et qui compte de nombreux résidents britanniques.
Le président Macron lui offrira d'ailleurs une édition originale des "Racines du ciel" de Romain Gary, qui a pour thème central la protection de la planète et des éléphants en Afrique.
Pour la circonstance, 8.000 policiers et gendarmes seront mobilisés mercredi et jusqu'à 12.000 vendredi, où la visite du roi coïncidera avec celle du Pape François à Marseille.
(O.Agard--LPdF)