Poursuivi par son ex-maîtresse, Juan Carlos échappe à un procès et évoque un retour à la vie publique
L'ex-roi d'Espagne Juan Carlos a évoqué vendredi un retour à la vie publique après avoir échappé à un procès face à son ex-maîtresse, qui le poursuivait à Londres pour harcèlement.
Corinna zu Sayn-Wittgenstein-Sayn, qui a été la maîtresse de Juan Carlos entre 2004 et 2009, réclamait 126 millions de livres sterling (146 millions d'euros) pour les dommages psychologiques qu'elle estime avoir subis.
Elle avait engagé en octobre 2020 des poursuites pour harcèlement à Londres, où elle résidait.
Mais dans son jugement écrit, la juge Rowena Collins Rice a conclu que "la Haute Cour d'Angleterre et du Pays de Galles ne dispose pas de la compétence juridictionnelle pour juger" cette procédure.
La magistrate a notamment souligné que la plaignante n'a "pas suffisamment établi" que les faits à l'origine de sa demande se soient produits en Angleterre.
Egalement connue sous le nom de Corinna Larsen, cette femme d'affaires danoise d'une cinquantaine d'années affirme qu'après leur rupture, à partir de 2012, elle a été espionnée et harcelée pendant huit ans sur ordre de l'ancien monarque. Elle aurait subi des menaces, ainsi que ses enfants, selon la plainte.
Juan Carlos aurait exigé qu'elle lui rende des cadeaux, tels que des oeuvres d'art, des bijoux ainsi que de l'argent pour un montant de 65 millions d'euros.
Leur relation est devenue publique en 2012 lorsque le monarque s'est cassé une hanche pendant des vacances au Botswana. L'affaire, révélée sur fond de chômage record en Espagne, avait provoqué la colère dans son pays.
Juan Carlos, qui a abdiqué en 2014 après plusieurs scandales, s'est félicité du jugement, qui selon lui "entérine sans surprise son innocence", même s'il ne porte pas sur le fond de l'affaire.
L'ex-roi de 85 ans explique avoir "volontairement fait preuve de la plus grande discrétion durant" la procédure. Mais cette décision "rétablit les conditions nécessaires à de nouvelles apparitions publiques", est-il écrit dans un communiqué publié par l'agence Publicis au nom de l'ex-roi.
- "Démoralisant" -
Dans un communiqué, Corinna zu Sayn-Wittgenstein-Sayn s'est elle dite "profondément déçue" par la décision, jugeant "démoralisant de voir que les victimes de harcèlement ont souvent du mal à obtenir justice dans notre système".
"Intimidation et harcèlement continuent sur moi et mes enfants et visent à ce que je m'effondre totalement", a-t-elle poursuivi. "Juan Carlos a déployé tout son arsenal pour me broyer et son pouvoir est immense", a-t-elle ajouté, affirmant qu'elle "envisage toutes les options".
En décembre, la justice britannique avait accordé l'immunité à l'ex-roi pour la période allant jusqu'à son abdication en 2014. Mais la plupart des faits invoqués par la plaignante se sont déroulés après cette année là.
Ayant accédé aux fonctions de chef de l'Etat en 1975, après la mort du dictateur Franco qui l'avait désigné pour être son successeur, Juan Carlos a été salué pendant des décennies pour avoir permis le retour de la démocratie en Espagne.
Sa popularité s'est effondrée après des scandales personnels et des révélations sur son train de vie fastueux en Espagne à partir de 2012.
Juan Carlos a abdiqué en 2014 au profit de son fils Felipe VI, qui a pris ses distances avec lui.
(V.Blanchet--LPdF)