Près de deux tonnes d'ivoire broyées et incinérées à Reims
Des défenses d'éléphants, des bijoux, des statuettes ou encore un jeu de mah-jong: 1,850 tonne d'ivoire a été broyée puis incinérée mardi à Reims, dont les deux tiers d'objets volontairement donnés par quelque 90 particuliers, le reste provenant de saisies, a constaté un photographe de l'AFP.
Cet ivoire, dont le volume correspond aux défenses de quelque "180 éléphants", fait de cette opération, co-organisée avec l'Office français de la biodiversité (OFB), la plus grosse destruction jamais réalisée à l'initiative d'Ifaw France, branche du Fonds international pour la protection des animaux, une ONG dont le siège français est à Reims.
Les précédentes opérations de ce type avaient eu lieu en 2015 à Reims (32 kilos) et en 2018 simultanément à Reims (510 kilos) et à Nice (600 kilos).
L'objectif est de "montrer symboliquement que l'ivoire n'a de valeur que pour les éléphants", a souligné le directeur d'Ifaw France, David Germain-Robin. "Aujourd'hui, il reste moins de 500.000 éléphants en Afrique et en Asie confondues, soit moins de 1% des populations initiales", un déclin principalement dû à la chasse, puis au braconnage, a-t-il déploré.
Certaines pièces détruites ce mardi sont "des objets magnifiques" et leur destruction peut "susciter l'incompréhension", a relevé Loïc Obled, directeur général délégué de l'OFB. Mais "dès lors que l'ivoire n'est pas légal, nous souhaitons le soustraire du marché, pour tarir ce marché".
Les objets ont été concassés gratuitement par l'exploitant de carrières Moroni puis incinérés par Veolia sur un site proche.
Le Fonds avait lancé en 2015 la campagne "Je donne mon ivoire". En France, l'ivoire d'éléphant ne peut en général pas être vendu légalement. Des exceptions concernent, principalement, les pièces d'ivoire sculptées et datant d'avant 1947, qui doivent disposer d'un certificat spécifique délivré par l'Etat.
"Les récentes restrictions drastiques du commerce de l'ivoire en Chine, aux Etats-Unis et en Europe représentent un espoir pour les derniers mastodontes", a estimé David Germain-Robin. "Malheureusement, l'ivoire continue de circuler illicitement, notamment par le biais de sites de vente en ligne."
"La criminalité environnementale est l'une des plus importantes au monde. Le trafic d’ivoire a rapporté beaucoup à certains groupes terroristes en Afrique", a-t-il rappelé.
Plus généralement, le commerce illicite d'espèces sauvages génère jusqu'à 23 milliards de dollars de chiffre d'affaires par an, ce qui en fait une des activités les plus lucratives au monde, juste derrière le trafic de drogue, la contrefaçon et le trafic d'êtres humains, selon l'Union internationale pour la conservation de la nature.
(L.Chastain--LPdF)