Le Pays De France - Margrethe II, 50 ans de règne pour la dernière souveraine d'Europe

Paris -
Margrethe II, 50 ans de règne pour la dernière souveraine d'Europe
Margrethe II, 50 ans de règne pour la dernière souveraine d'Europe / Photo: © AFP

Margrethe II, 50 ans de règne pour la dernière souveraine d'Europe

Fédératrice et populaire, la reine danoise Margrethe II, dont les festivités de 50 ans de règne ont été en grande partie annulées ce week-end après la mort d'Elizabeth II, est désormais à 82 ans la seule reine et le monarque au plus long règne d'Europe.

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Toujours tirée à quatre épingles, elle a subtilement modernisé l'image de la monarchie danoise lors de son demi-siècle de cheffe d'Etat du petit pays nordique.

Le 14 janvier 1972, à la mort de son père Frederik IX, elle est alors la première femme à monter sur ce trône - Margrethe I ne fut que régente au Moyen-Âge (1375-1412).

A l'époque, seuls 45% des Danois soutiennent encore la monarchie, les autres estimant que la plus vieille dynastie royale européenne encore en place est inadaptée à une démocratie moderne.

Aujourd'hui, la part des monarchistes culmine à plus de 80% et la famille royale danoise compte parmi les plus populaires au monde.

Margrethe, dont le règne est le deuxième plus long dans l'histoire du royaume, est une institution semblant indéboulonnable.

Avec 50 ans, 7 mois et 25 jours sur le trône, elle est après la disparition de sa lointaine cousine Elizabeth II l'actuel monarque d'Europe au plus long règne. Devant son voisin suédois et lui aussi cousin Carl XVI Gustaf, qui a dépassé les 48 ans. Dans le monde, seul le sultan de Brunei la dépasse de quatre années.

- Inamovible -

Si des princesses héritières sont appelées à régner dans plusieurs pays d'Europe, Margrethe est aussi aujourd'hui la seule femme du Vieux continent à régner.

Reine, la Danoise aurait pu aussi ne jamais l'être car la Constitution interdisait jusqu'en 1953 que la couronne arrive sur la tête d'une femme.

Au détriment de son oncle Knud et de son fils, la loi est alors changée par référendum, sous la pression des gouvernements danois soucieux de modernité.

Le fondement de sa popularité, c'est que "la reine n'est pas du tout politique, elle unit la nation au lieu de la diviser", explique à l'AFP l'historien Lars Hovebakke Sørensen.

"Elle a réussi à être une reine qui a unifié la nation danoise à travers beaucoup de changements: la mondialisation, l’avènement d'un état multiculturel, des crises économiques (...) et la pandémie de Covid-19", développe-t-il.

Prévues en janvier, les festivités de son jubilé avaient été repoussées à septembre à cause du Covid. En raison du deuil dû à Elizabeth, la reine a décidé de les réduire nettement, renonçant notamment à une parade parmi son peuple dans les rues de Copenhague.

Veuve depuis 2018, la reine, affectueusement surnommée "Daisy", a contribué à moderniser progressivement la monarchie sans pour autant la trivialiser.

"Je resterai sur le trône jusqu'à ce que j'en tombe", a prévenu cette fumeuse invétérée, mère de deux fils dont l'aîné, Frederik, 54 ans, doit lui succéder.

Il n'existe aucune tradition d'abdication dans le pays scandinave de 5,8 millions d'habitants, mais la question ne se pose guère pour une reine en possession de ses moyens.

En mai, son chapeau impeccablement vissé sur la tête, elle avait pris les montagnes russes de Tivoli, le célèbre parc d'attractions de Copenhague.

- Artiste -

Créatrice de costumes et scénographe, la reine, née à Copenhague le 16 avril 1940, aime promener son sourire franc à travers le pays.

Chaque été, elle fait une croisière avec son yacht, le Dannebrog, avant de prendre ses quartiers d'été dans le Sud-Ouest de la France, au château de Cayx.

La souveraine l'avait acheté en 1975 avec feu son mari le prince Henrik, Henri de Monpezat, un diplomate noble né Français, originaire de la région.

Son érudition - elle a étudié à Cambridge et à la Sorbonne - et ses multiples talents font d'elle un exemple pour les Danois qui suivent religieusement ses interventions télévisées, notamment ses voeux de fin d'année.

Intellectuelle polyglotte, elle s'est essayée à la traduction en élaborant en 1981, sous un pseudonyme et en collaboration avec son mari, une version danoise de l'ouvrage de Simone de Beauvoir "Tous les hommes sont mortels".

Mais c'est surtout dans le dessin et la peinture qu'elle se distingue. Margrethe a illustré de nombreux ouvrages littéraires, comme la réédition en 2002 du "Seigneur des anneaux", de J.R.R Tolkien.

Ses peintures ont été exposées dans de prestigieux musées et galeries - au Danemark et à l'étranger.

(E.Beaufort--LPdF)