Quarante ans après, le souvenir de Grace de Monaco célébré dans la discrétion
Le 14 septembre 1982 disparaissait la princesse Grace de Monaco. Si ce décès avait fait la Une des journaux du monde entier, son 40e anniversaire sera célébré dans une quasi indifférence hors du Rocher et sans aucun apparat dans la principauté.
"Ce sera une célébration familiale. On se retrouvera sur sa tombe et on s'y recueillera", a confié sobrement à l'AFP son fils Albert, le souverain monégasque, qui partira ensuite en fin de semaine avec son épouse Charlene pour les obsèques d'Elizabeth II à Londres.
Icône mondiale, égérie d'Alfred Hitchcock qui la lance en 1954 dans "Le crime était presque parfait" puis couronnée d'un Oscar en 1955 pour "Une fille de la province", Grace Kelly dit adieu prématurément à une carrière météorique, à 27 ans, pour épouser en 1956 le Prince Rainier III de Monaco, souverain d'une minuscule principauté azuréenne, confetti coincé entre la France et l'Italie.
Dans ce qui semblait parfois devenir pour elle une prison dorée, la princesse Grace se consacre à de nombreuses oeuvres de bienfaisance et à ses trois enfants: Caroline et Stéphanie, qui voient le jour respectivement en 1957 et 1965, et Albert, né en 1958, qui succède à son père en 2005, à son décès.
Mais le 13 septembre 1982, c'est le drame. Grace quitte la résidence familiale au volant de sa Rover, en compagnie de sa fille Stéphanie. La voiture, dans un lacet, quitte la route escarpée de Cap d'Ail et s'immobilise 35 mètres en contrebas. Victime d'une hémorragie cérébrale et dans le coma, elle décède le lendemain, à 52 ans. Stéphanie, grièvement blessée, se rétablira.
Grace est inhumée dans la cathédrale Saint-Nicolas à Monte-Carlo.
- Souvenir "très vivant" -
"Son souvenir est non seulement très vivant mais il a traversé les générations qui ont pris le temps de s'intéresser à ma mère, à sa vie, à son image", a témoigné dimanche le prince Albert II dans un entretien au quotidien Monaco-Matin.
Pour autant, "nous avons pensé que ce n'était pas absolument utile de faire quelque chose de particulier pour ces 40 ans", a ajouté le souverain, soulignant que "des documentaires, des expositions, des tas d'événements ont rappelé son souvenir".
Dans les rues de Monaco, les nostalgiques peuvent suivre un parcours mémoriel permanent dans les pas de l'ex-princesse consort, jalonné de panneaux explicatifs, comme devant le Théâtre Princesse Grace qu'elle avait relancé et inauguré en 1981.
Membre depuis 1985 du Comité international olympique (CIO), Albert le rappelle régulièrement: il a hérité de sa famille maternelle un ADN de sportif. Pilote du bobsleigh monégasque lors de cinq éditions des jeux Olympiques d'hiver, de 1988 à 2002, il a ainsi succédé à son grand-père John Brendan Kelly, triple champion olympique d'aviron de 1920 à 1924.
Quant à son bureau, situé au dernier étage de la Tour de l'horloge, dans le palais des Grimaldi, qui date du XIIIe siècle, c'est celui qu'occupait sa mère. "A la mort de Rainier, Albert aurait pu récupérer le bureau de son père mais il ne l'a pas fait", confie le palais.
Pour Frédéric Laurent, écrivain, auteur de plusieurs ouvrages sur le Rocher, cette date anniversaire, "dans l'esprit du souverain, c'est quelque chose de personnel, familial": "Ils veulent garder cette dimension, sans aucune volonté d'effacer quoi que ce soit", ajoute pour l'AFP celui qui a notamment été l'auteur de "Monaco, le Rocher des Grimaldi".
Un concert de musique irlandaise sera donné jeudi par l'Orchestre philharmonique de Monaco, en hommage aux racines de la famille Kelly. La "Suite symphonique Princesse Grace" y sera créée et interprétée par le violoniste irlandais Frankie Gavin.
Mais contrairement aux années précédentes, il n'y aura pas de messe à la mémoire de Grace dans la chapelle Palatine, selon une source proche du palais.
L'année 2023 donnera lieu en revanche à de nombreuses célébrations sur le Rocher à l'occasion du 100e anniversaire de la naissance de Rainier III. Le comité en charge des préparatifs est présidé par la princesse Stéphanie.
(R.Lavigne--LPdF)