Les Britanniques s'arment de patience pour saluer leur reine bien-aimée
Vivres, bouteilles d'eau et surtout une très grande dose de patience: des dizaines de milliers de Britanniques sont déterminés à se recueillir jeudi devant le cercueil de leur bien-aimée reine Elizabeth II à Londres, avant des funérailles grandioses lundi.
L'interminable queue qui s'étend sur plusieurs kilomètres et pourrait en atteindre une quinzaine, de Westminster Hall jusqu'au sud-est de la capitale, de l'autre côté de la Tamise, est loin de les décourager.
Pas plus que la sécurité draconienne mise en place pour pouvoir défiler brièvement devant le cercueil fermé de la souveraine de 96 ans, décédée le 8 septembre et unanimement saluée pour son dévouement total à la Couronne.
Dernière étape avant les funérailles de 10 jours d'un poignant deuil national, la dépouille est accessible au public depuis mercredi en fin d'après-midi. Elle a alors été transférée lors d'une procession solennelle chargée d'émotion depuis le palais de Buckingham, résidence officielle d'Elizabeth II durant ses 70 ans de règne record.
"Elle nous a tant donné, à nous et au monde. Le moins que l'on puisse faire, c'est de faire la queue durant quelques heures pour la voir au repos", confie à l'AFP Adam Armendariz, un responsable commercial de 35 ans venu directement après sa journée de travail. Bien qu'il n'ait emporté que son ordinateur portable, il se dit prêt à "attendre aussi longtemps que nécessaire".
- Couronne -
Arrivée d'Ecosse où la souveraine s'est éteinte, la dépouille est présentée sur un imposant catafalque à Westminster Hall, la plus vieille salle du parlement britannique ouverte 24 heures sur 24 jusqu'à lundi 06H30, jour des ultimes adieux avec des funérailles nationales à l'abbaye de Westminster, en présence de centaines de dignitaires étrangers et de têtes couronnées.
Posé sur un affût de canon, recouvert de l'étendard royal et surmonté de la couronne impériale portée par Elizabeth II lors de son couronnement en 1953, le cercueil de chêne avait été suivi à pied par le roi Charles III, fils aîné de la monarque, et d'autres membres de premier plan de la famille royale.
Certains membres du public avaient pris les devants, n'hésitant pas à patienter dès la nuit précédente face au parlement. Comme Nina Kaistoffioson, artiste de 40 ans en "larmes", venue dire "merci" à la reine pour "son service à la nation". Elle avait passé deux jours à attendre sous la pluie, mais avait prévu une tenue de rechange avant de rentrer dans la cathédrale.
- Sécurité "draconienne" -
Car les autorités ont prévenu de "restrictions draconiennes", dignes des aéroports, et demandé au public de se "vêtir de manière appropriée pour rendre hommage" à la souveraine, omniprésente à travers plusieurs générations de Britanniques et roc de stabilité dans les crises et les changements.
A l'intérieur de Westminster Hall, le public ne peut apporter qu'un petit sac, et aucune nourriture ou boisson autre qu'une bouteille d'eau, transparente et vide, n'est autorisée.
Avant ces longs adieux sur plusieurs jours, le cercueil d'Elizabeth II avait déjà été exposé pendant 24 heures à Edimbourg, de lundi soir à mardi, salué par quelque 33.000 personnes.
Lundi, l'affluence s'annonce encore plus massive pour les funérailles du siècle, un énorme défi sécuritaire auquel Londres se prépare fébrilement. Parmi les chefs d'Etat attendus, le président américain Joe Biden a exprimé mercredi "la grande admiration du peuple américain pour la reine" et son "désir de poursuivre une relation étroite" avec le roi Charles III.
Pour cet événement historique, un jour férié a été décrété et de nombreuses entreprises, dont quasiment tous les supermarchés, garderont le rideau baissé.
Avant, le souverain de 73 ans et la reine consort se rendront vendredi au Pays de Galles, dernière étape de leur tournée des quatre nations constitutives du Royaume-Uni après l'Angleterre, l'Ecosse et l'Irlande du Nord.
Plus âgé que tous les souverains britanniques au moment de leur accession au trône, il s'installe dans ses fonctions à une période difficile pour le Royaume-Uni tout juste doté d'une nouvelle Première ministre, Liz Truss, et plongé dans une crise sociale et économique. Longtemps faible, la cote de popularité a monté en flèche depuis son accession au trône.
(F.Bonnet--LPdF)