Macron présente un plan de relocalisation de la production de médicaments en France
Emmanuel Macron est arrivé mardi en Ardèche pour présenter un plan de relocalisation de la production de médicaments en France, afin de faire face à des pénuries structurelles sur des produits importés, des antibiotiques au paracétamol.
Ce déplacement sur le site du laboratoire pharmaceutique Aguettant à Champagne ouvre une semaine de rendez-vous présidentiels consacrés au renforcement de la souveraineté industrielle et technologique française, jusqu'à lundi prochain.
Le chef de l'Etat entend ainsi prolonger son offensive de communication lancée en mai sur le thème de la réindustrialisation, dont il semble de plus en plus vouloir faire le fil rouge de ses mandats, pour montrer qu'il reprend la main après la crise des retraites.
Signe que la page est tournée après l'échec d'une nouvelle motion de censure contre le gouvernement lundi à l'Assemblée nationale? A peine une trentaine de manifestants l'attendaient à Champagne, malgré un appel syndical, loin des casserolades qui avaient accompagné ses premiers déplacements après la promulgation de la retraite à 64 ans.
Emmanuel Macron réinvestit donc le terrain, sur fond de réflexion sur un possible remaniement gouvernemental de plus ou moins grande envergure pour entamer une nouvelle page de son second quinquennat à l'été.
A cet égard, sa venue sur les terres ardéchoises de son ministre du Travail Olivier Dussopt, qui a porté la réforme et sera jugé en novembre pour favoritisme dans une affaire de marché public, peut être interprétée comme une forme de soutien. Outre ce poids lourd du gouvernement, le ministre de la Santé François Braun et celui de l'Industrie Roland Lescure sont aussi présents.
Le président doit prononcer un discours après une visite du laboratoire.
"Comme nous l’avait déjà enseigné la crise du Covid, déléguer à d’autres la production de nos produits pharmaceutiques essentiels est une impasse pour le pays", a-t-il relevé mardi sur son compte Twitter. Il a également promis des "annonces majeures" en Ardèche.
Dans l'immédiat, il a seulement fait état d'un investissement de 22 millions d'euros du britannique GSK afin de moderniser son site de production d'amoxicilline en Mayenne. Cet antibiotique, le plus prescrit aux enfants pour soigner les infections, est régulièrement en rupture de stock.
- Liste de médicaments "critiques" -
Antibiotiques, paracétamol, antiépileptiques, anticancéreux... De plus en plus de médicaments viennent à manquer dans les pharmacies, en France comme ailleurs en Europe, suscitant une inquiétude croissante de divers acteurs.
Selon une étude BVA réalisée pour France Assos Santé en mars 2023, 37% des Français ont été confrontés à des pénuries en pharmacie, souligne ainsi l'Elysée.
La France dépend à hauteur de 60 à 80% des importations, notamment de la Chine, pour la production de médicaments dit matures (antibiotiques, produits d'anesthésie..).
Pour répondre à ces pénuries, une liste de 281 médicaments "critiques", dont la production est susceptible d'être relocalisée, a été remise à François Braun à la mi-mai.
Mais elle n'est toujours pas publiée, suscitant de nombreuses attentes dans le secteur. Le président devrait apporter mardi des précisions sur son contenu.
Le laboratoire Aguettant, groupe familial plus que centenaire, fabrique des médicaments injectables, notamment pour l'anesthésie-réanimation, qui ont aussi manqué pendant la crise du Covid.
- "Avion zéro émission" -
Emmanuel Macron se rendra également dans une autre entreprise de l'Ardèche, Chamatex à Ardoix, qui s'est lancée dans la relocalisation de baskets en France, faisant fi de la toute puissance asiatique en la matière.
Mercredi, le président fera un "certain nombre d'annonces" au salon VivaTech à Paris, l'un des grands rendez-vous mondiaux de la technologie, sur le "financement, la formation et la recherche en matière d'intelligence artificielle".
"En Européens, nous devons aussi avancer pour réguler et maîtriser cette technologie, au service du progrès et de l’emploi", a-t-il relevé.
Vendredi et en début de la semaine prochaine, le chef de l'Etat s'exprimera sur la décarbonation de l'aviation, notamment via des carburants durables produits en France, à l'occasion du Salon du Bourget.
"Oui, l’avion zéro émission est possible. Je veux qu'il soit français et européen", a souligné le chef de l'Etat.
(V.Blanchet--LPdF)