Nord: Marcq-en-Baroeul annule un concert d'Izïa après ses propos contre Macron
La mairie de Marcq-en-Baroeul (Nord) a décidé lundi d'annuler le concert de la chanteuse Izïa prévu jeudi soir dans la commune, en raison des propos jugés "scandaleux" et "d'une grande violence" contre le président Macron qu'elle a tenus sur scène près de Nice.
La chanteuse, 32 ans, devait se produire dans cette commune aisée de l'agglomération lilloise avant les feux d'artifice de la Fête nationale "pour un concert public, gratuit et familial", souligne la ville, dirigée par un maire LR, Bernard Gérard, dans un communiqué.
Mais la mairie a décidé de résilier "unilatéralement" son contrat avec elle, jugeant ses déclarations le 6 juillet à Beaulieu-sur-mer (Alpes-Maritimes) "en contradiction avec les valeurs de rassemblement et d'unité qui prévalent" à cette occasion.
"Ils indignent l'ensemble des Marcquois comme tous ceux qui sont attachés aux valeurs de la République", ajoute la municipalité.
Contacté par l'AFP, Believe, label d'Izïa, n'a pas réagi dans l'immédiat.
Le parquet de Nice a annoncé samedi l'ouverture d'une enquête visant la chanteuse pour "provocation publique à commettre un crime ou un délit", après ses propos lors du festival "Les nuits guitare", qui ont suscité un déluge de commentaires.
- "Bien désolée" -
Evoquant le chef de l'Etat, l'artiste avait imaginé comment il pourrait être lynché publiquement par les spectateurs.
"Je le connais, quelle coquine celui-là. Il s'est dit là, ce qui serait bien, je pense que ce que le peuple veut, ce dont le peuple a envie, c'est qu'on m'accroche à 20 m du sol telle une piñata humaine géante, et qu'on soit tous ici présents munis d'énormes battes avec des clous au bout comme dans +Clockwork Orange+", le film Orange mécanique.
Et la chanteuse de poursuivre, sur fond musical, d'après une vidéo postée sur le site du magazine culturel InOut Côte d'Azur: "Et là, on le ferait descendre, mais avec toute la grâce et la gentillesse que les gens du Sud ont, là juste au-dessus de vous. Et on aurait tous notre batte avec nos petits clous, et dans un feu de bengale de joie, de chair vive et de sang, on le foutrait à terre, mais gentiment tu vois...".
"Je suis bien désolée que cela ait été mal interprété, décontextualisé. À aucun moment évidemment, je n’ai voulu inciter à la violence ou à la haine", a réagi Izïa dans un entretien à Ouest France publié lundi soir.
"C’est une histoire, un liant improvisé et surréaliste entre deux titres qui parle de tout et de rien et qu’il ne faut surtout pas prendre au premier degré", a-t-elle ajouté.
- "Séparer la femme de l'artiste" -
La députée Renaissance du Nord, Violette Spillebout, a pointé du doigt dimanche sur Twitter un "appel au meurtre" dans un contexte de violence contre les élus.
D'autres ont défendu la chanteuse, comme la députée écologiste Sandrine Rousseau sur Twitter: "C'est drôle que, là, personne ne veuille séparer la femme de l'artiste."
Le rappeur Médine, objet lui aussi d'une polémique en 2018 l'ayant conduit à annuler deux concerts au Bataclan, a estimé sur le réseau social que "la censure et le lynchage que Izïa vit, c'est ce que le rap vit depuis toujours".
Izïa doit se produire mercredi aux Francofolies de La Rochelle, un concert maintenu, ont indiqué les organisateurs à l'AFP.
La chanteuse, fille de Jacques Higelin, a publié cinq albums depuis 2009, et obtenu trois Victoires de la musique. Egalement actrice, elle a remporté le Cesar du meilleur espoir féminin en 2013 pour le film "Mauvaise fille" de Patrick Mille.
Ella a, par ailleurs, été l"égérie" de la marque de luxe Chanel en 2022.
(F.Moulin--LPdF)