Sommé par SMS, un journaliste turc regagne sa prison pour la 5e fois
Le journaliste turc Baris Pehlivan, sommé par SMS de regagner sa prison pour la cinquième fois en deux ans, s'est présenté mardi devant son centre de détention à Istanbul, a constaté l'AFP.
Le ministère turc de la Justice l'a informé le 2 août, par un message sur son téléphone, qu'il devait se présenter "d'ici au 15 août" au centre de détention de Marmara, l'ancienne prison de Silivri, où sont détenus beaucoup d'opposants.
"Je continuerai à écrire à l'intérieur, je continuerai à me battre pour la vérité. Continuez à vous battre", a déclaré le journaliste, souriant, avant de se mettre en route.
"Baris peut être remis en liberté conditionnelle dès demain ou très rapidement", a indiqué son défenseur Huseyin Ersoz à l'AFP, rappelant cependant que son client peut aussi rester en prison "jusqu'en mars 2024".
"Une décision peut intervenir à tout moment, aujourd'hui même", a-t-il espéré.
Ancien rédacteur en chef de Oda TV et contributeur au quotidien Cumhuriyet, Baris Pehlivan, 40 ans, a été condamné pour violation de la loi sur les services secrets à trois ans et neuf mois de prison en 2021, puis libéré une première fois après six mois de détention.
Déjà incarcéré à quatre reprises et remis en liberté conditionnelle, parfois après une journée ou deux de détention, il est accusé d'avoir rapporté en 2020 la mort d'un officier du renseignement turc en Libye, où Ankara avait apporté son soutien à un gouvernement reconnu par l'ONU.
Ce décès n'a jamais été démenti par les autorités turques.
Une vingtaine d'organisations de protection des journalistes ont dénoncé la semaine dernière dans une tribune le "harcèlement judiciaire" dont il est victime selon elles, parmi lesquelles la Fédération européenne des Journalistes, le Comité de protection des Journalistes, l'International Press Institute et Reporters sans Frontière (RSF).
Erol Önderoğlu, représentant de RSF en Turquie, a noté sur le réseau Twitter rebaptisé "X" que Baris Pehlivan, qui "fait constamment l'objet de poursuites abusives", est le treizième journaliste arrêté cette année".
Selon le dernier classement RSF, la Turquie figure en 2023 au 165e rang sur 180 pays.
(P.Toussaint--LPdF)