Mis à pied pour une Une sur Macron, le chef de la rédaction de La Provence réintégré
Le chef de la rédaction du quotidien La Provence (groupe CMA CGM), mis à pied vendredi en raison d'une Une sur la visite d'Emmanuel Macron à Marseille jugée "ambiguë" par la direction du journal, retrouvera ses fonctions lundi, a annoncé cette dernière dimanche.
"La direction de +La Provence+ est satisfaite d’annoncer un accord avec Aurélien Viers, directeur de la rédaction" dont le "retrait de la mise à pied (...) a été décidé après une réunion de travail avec Gabriel d'Harcourt, directeur général", précise le titre dans un communiqué.
Les journalistes du quotidien régional, qui avaient dénoncé une "ingérence éditoriale inadmissible", sont en grève depuis vendredi et ont été soutenus par d'autres confrères dont ceux d'autres titres propriété du milliardaire franco-libanais Rodolphe Saadé.
Ils maintiennent toutefois un rassemblement prévu lundi matin devant le siège du journal à Marseille car "il reste de nombreuses interrogations", a indiqué à l'AFP un élu du Syndicat national des journalistes (SNJ) à La Provence.
"Nous rappelons que la Une invoquée pour la mise à pied n’était pas problématique" a-t-il ajouté.
La crise est partie de l'annonce de la mise à pied de M. Viers pour la Une du quotidien régional de jeudi, barrée du titre "Il (Emmanuel Macron, ndlr) est parti et nous, on est toujours là...", reprenant les mots d'un habitant de la cité paupérisée de La Castellane, à Marseille, interrogé en page intérieure.
Le titre surplombe une photo montrant deux personnes, de dos, regardant passer une policière en patrouille dans cette cité de la deuxième ville de France, où le président de la République était venu par surprise mardi annoncer une opération "place nette XXL", qu'il présentait comme "sans précédent" contre le narcotrafic.
Cette citation "a été reprise en Une, sans être explicitement sourcée. Cette erreur dans la composition de la Une revêt un caractère problématique, certains lecteurs ayant cru que cette citation provenait de narcotrafiquants. Elle est à l'origine du rappel à l'ordre du directeur de la rédaction" estime dans son communiqué la direction, qui s'excuse par ailleurs auprès des lecteurs de la non-parution du journal samedi, dimanche et lundi.
(F.Bonnet--LPdF)