Le Pays De France - Charlotte Valandrey, la brindille au tempérament de guerrière

Paris -
Charlotte Valandrey, la brindille au tempérament de guerrière
Charlotte Valandrey, la brindille au tempérament de guerrière / Photo: © AFP/Archives

Charlotte Valandrey, la brindille au tempérament de guerrière

Star à 16 ans grâce à "Rouge Baiser", Charlotte Valandrey, décédée mercredi à 53 ans, a vu son destin basculer à 18 ans en découvrant sa séropositivité. Greffée ensuite deux fois du cœur, l'actrice s'est battue toute sa vie, en guerrière.

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Si, à plusieurs occasions, elle a "eu envie de baisser les bras", comme elle le reconnaissait en mars, elle surmonte les vicissitudes.

"Mes épreuves m'ont appris à avoir peur de la mort", confie-t-elle un jour à L'Express. "Ou plus exactement à avoir peur que la vie s'arrête. Elle a repris une telle saveur pour moi".

Le destin l'a rattrapée à 53 ans. Nouvelle hospitalisation en soins intensifs. Son deuxième cœur flanche à son tour.

"En attente de mon 3e", écrit-elle sur Instagram le 8 juin. Avec un humour teinté de lassitude: "J'ai besoin de toutes vos ondes positives. Car la Warrior est moins Warrior..."

Si, quelques jours après seulement, elle obtient un nouveau cœur, la greffe est un échec.

- La gloire en un film -

Née le 29 novembre 1968 à Paris, Anne-Charlotte Pascal grandit dans une famille aisée. Son père développe des logiciels de calcul, sa mère est pianiste.

Premiers castings à l'adolescence. Elle opte pour le pseudonyme "Valandrey", hommage au Val André, la station balnéaire de son enfance bretonne.

Petite, menue mais un sacré tempérament. La jeune fille brune aux yeux bleus laser illumine le film "Rouge Baiser" (1985) de Véra Belmont, son premier rôle.

Elle y incarne, dans la France de la Guerre froide, Nadia, jeune révoltée qui milite aux Jeunesses communistes et voit son idéal vaciller après une rencontre amoureuse (Lambert Wilson).

Énorme succès. On lui prédit un destin à la Sophie Marceau, de deux ans son aînée. Elle remporte l'Ours d'argent de la meilleure actrice à Berlin, est nommée au César du meilleur espoir féminin.

Gloire, fêtes, insouciance... A quelques jours de ses 18 ans, elle apprend qu'elle a contracté le VIH. Avec un "prince gothique", membre d'un groupe de rock connu, dira-t-elle.

Elle taira sa séropositivité jusqu'en 2005 et la publication de son autobiographie "L'Amour dans le sang", gros succès de librairie (180.000 ventes) adapté en téléfilm.

"La maladie, cette garce, je la tenais à distance", confie-t-elle à L'Express. Elle prend régulièrement du poids. "Mes kilos voulaient dire: +Je suis en bonne santé+".

Elle n'informe que ses parents et ses amoureux. Pressentie pour le rôle principal de "Noce blanche" (1989), elle partage aussi son secret avec le metteur en scène. C'est Vanessa Paradis qui est choisie...

"Les paillettes s'envolent comme des cendres... Un truc s'était cassé, le cinéma m'avait quittée".

Certes, elle rebondit à la télévision en jouant de 1991 à 2000 dans la série "Les Cordier, juge et flic" (jusqu'à 11,4 millions de téléspectateurs) ou dans "Demain nous appartient" (2017-2019). Mais n'aura jamais la carrière à laquelle elle semblait promise.

Et elle doit se battre au quotidien. Sa trithérapie épuise son cœur, on lui en transplante un, en 2003. Elle devient ainsi la première séropositive greffée du cœur en France.

- "Dans mon coin" -

"En sortant de ma greffe, je pesais 35 kg. J'ai divorcé, déménagé, je n'ai plus eu de travail ou de vie sociale. Ça faisait beaucoup".

Elle s'accroche, surtout pour sa fille Tara, née séronégative en 2000 de sa "volonté de survivre". Comme lors de ce nouveau coup dur en 2008. Un infarctus. Son cœur s'arrête de battre pendant 22 secondes.

Elle remonte la pente, notamment grâce à la psychanalyse. Retrouve le chemin des planches, se met à la chanson et continue dans l'écriture, avec un septième livre publié en 2022 "Se réconcilier avec soi".

Elle s'engage aussi activement en faveur du don d'organes et devient la marraine de la fondation "Greffe de vie".

Résolument optimiste, elle gardait une certaine amertume des années où elle s'était sentie lâchée.

"Aujourd'hui, quand Stromae chante ses pensées suicidaires ou Florent Pagny parle de son combat contre le cancer, on les soutient et c'est bien. Moi, à l'époque, on m'a laissée toute seule dans mon coin".

(M.LaRue--LPdF)