Un projet de Marianne conçue par intelligence artificielle
Un collectif d'artistes spécialisés dans l'intelligence artificielle (IA) propose une future Marianne numérique, réalisée à partir de milliers de portraits de femmes françaises, pour représenter la République, a-t-on appris mercredi auprès d'un de ses membres.
Ce projet, intitulé "Nous sommes Marianne", vise à "créer une nouvelle Marianne numérique, la plus représentative possible des femmes françaises, afin de mettre en avant la diversité, à partir de photos de toutes celles qui souhaitent y participer" a précisé à l'AFP Pierre Fautrel, membre du collectif Obvious.
Ce collectif, qui réunit aussi Hugo Caselles-Dupré et Gauthier Vernier, férus d'art et de recherches sur l'IA, s'est fait connaître en 2018 pour avoir vendu chez Christie's, à New York, la première œuvre d'art produite par un logiciel d'intelligence artificielle, une impression sur toile intitulée "Edmond de Belamy", portrait fictif flouté.
Pour réaliser la future Marianne, il a lancé un appel à toutes les femmes de France qui peuvent envoyer une photo d'elles-mêmes sur un site dédié: noussommesmarianne.fr.
Plus de 5.000 candidates ont déjà répondu à l'appel qui s'achèvera le 10 avril. "Un algorithme va généner une infinité de visages à partir de critères communs dans toutes ces photos. Un seul d'entre eux sera sélectionné par les participantes d'ici fin avril", explique Pierre Fautrel qui "ne présage pas du résultat".
Le collectif compte ensuite le proposer au futur président de la République.
Le trio Obvious, qui se passionne pour l'IA "d'un point de vue technique et philosophique, interroge les frontières entre l'art et ses outils et la démocratisation des algorithmes", explique-t-il.
Avec cette Marianne numérique, il a souhaité "s'affranchir des choix arbitraires qui ont été faits jusqu'à présent pour symboliser la République", comme celui d'actrices célèbres (Brigitte Bardot, Catherine Deneuve...).
L'apparition de Marianne remonte à 1792, au lendemain de la Révolution. La Convention avait alors décidé de représenter la République sous les traits d'une jeune femme triomphante, vêtue à l'antique et coiffée d'un bonnet phrygien, symbole de liberté porté dans l'empire romain par des esclaves affranchis.
(R.Dupont--LPdF)