L'UE veut rassurer les Balkans, resserrer les liens face à Moscou
Les dirigeants des pays de l'Union européenne ont affiché mardi à Tirana leur volonté de revigorer les liens avec les pays des Balkans occidentaux, jugés encore plus nécessaires en raison de la guerre en Ukraine.
"L'avenir de nos enfants sera plus sûr et plus prospère avec les Balkans occidentaux à l'intérieur de l'UE, et nous travaillons dur à faire des progrès", a déclaré le président du Conseil européen Charles Michel en arrivant à ce sommet, le premier de ce type à se dérouler dans un pays de la région.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a souligné que les processus d'adhésion des Etats des Balkans occidentaux avaient récemment connu "un nouvel élan".
Ces nations, coincées dans l'antichambre de l'Union européenne depuis des années, ont souvent exprimé leur frustration face à un processus d'intégration long et exigeant, récemment encore en voyant l'UE accorder rapidement le statut de candidat à l'Ukraine et à la Moldavie.
Mais la guerre en Ukraine a aussi souligné l'importance pour les Européens de stabiliser cette région fragile du sud-est de l'Europe, d'y contrer les influences de la Russie -et de la Chine, qui a investi dans les infrastructures de ces pays.
"La Russie tente de prendre de l'influence, la Chine tente de prendre de l'influence. Nous sommes le plus grand investisseur, nous sommes le partenaire le plus proche, c'est pourquoi la discussion porte justement sur ce point : vous devez décider de quel côté vous êtes. Du côté de la démocratie ? C'est l'Union européenne, vos amis et partenaires", a encore dit la cheffe de l'exécutif européen.
Face à "l'agression russe contre l'Ukraine, nous devons rester ensemble et travailler ensemble", a quant à lui déclaré le Premier ministre néerlandais Mark Rutte.
En juillet, l'UE a finalement ouvert des négociations d'adhésion avec la Macédoine du Nord et l'Albanie (candidates respectivement depuis 2005 et 2014). Ces pourparlers sont aussi en cours depuis plusieurs années avec le Monténégro et la Serbie.
En octobre, la Commission a recommandé d'octroyer le statut de candidat à la Bosnie-Herzégovine, une décision qui reviendra au Conseil européen des 15-16 décembre.
Pour le Kosovo en revanche, les obstacles à une candidature sont nombreux. Cette ancienne province serbe majoritairement peuplée d'Albanais a proclamé en 2008 son indépendance que Belgrade ne reconnaît pas. Cinq pays de l'UE ne la reconnaissent pas non plus (Espagne, Grèce, Chypre, Roumanie, Slovaquie).
- Alignement sur les sanctions -
Pour aider ces pays à faire face à la crise énergétique, l'UE doit confirmer un paquet d'un milliard d'euros de subventions. Elles doivent permettre d'attirer des investissements publics et privés et de mobiliser au total au moins 2,5 milliards d'euros.
Un accord a aussi été signé avec les opérateurs télécoms de la région, pour réduire les frais d'itinérance (roaming) avec l'Union européenne en 2023, en vue de les éliminer progressivement d'ici à 2027.
L'accent est aussi mis sur la coopération en matière de sécurité, et notamment de cybersécurité, face aux cyberattaques qu'ont subies ces pays.
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a souligné qu'une assistance militaire de 10 millions d'euros serait accordée pour la Bosnie-Herzégovine.
Autre priorité, la lutte contre l'immigration irrégulière : la route des Balkans constitue le principal itinéraire migratoire vers l'UE. Le nombre des arrivées par cette voie sur les dix premiers mois de l'année a augmenté de près de 170% par rapport à l'année d'avant, ce qui a poussé la Commission à présenter un plan d'action lundi, proposant notamment le déploiement de l'agence Frontex dans ces pays pour les aider à contrôler leurs frontières.
L'UE presse les Etats des Balkans d'aligner leur politique des visas sur la sienne. La Serbie a été accusée de contribuer à une hausse des entrées de migrants indiens, tunisiens, cubains et burundais dans l'UE, ces ressortissants pouvant arriver à l'aéroport de Belgrade sans visa et ensuite poursuivre leur route vers l'Union par voie terrestre. Sous la pression européenne, le président serbe Aleksandar Vucic a finalement annoncé la fin de la dispense de visas pour les Tunisiens et les Burundais.
L'UE demande aussi à Belgrade, qui maintient des liens étroits avec la Russie, de s'aligner sur la politique de sanctions décidée par le bloc contre Moscou en réaction à la guerre en Ukraine.
Par ailleurs, le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell a déclaré qu'une une nouvelle proposition de compromis avait été soumise lundi à Belgrade et Pristina pour tenter d'aller vers une normalisation de leurs relations.
(O.Agard--LPdF)