Chine: le site de l'accident d'avion passé au peigne fin
Les secours affrontent mardi la pluie et la boue à la recherche de traces des 132 personnes à bord du Boeing-737 qui s'est écrasé dans une zone montagneuse du sud de la Chine, après une chute d'à peine quelques minutes.
Les causes de la catastrophe restent inconnues près de 24 heures après que le vol MU5735 de la China Eastern Airlines eut piqué vers le sol presqu'à la verticale, ne laissant guère d'espoir de survie à ses passagers.
Lundi soir, la compagnie a présenté ses hommages aux victimes, mais sans préciser leur nombre.
Des vidéos diffusées par les médias publics montrent une sorte de clairière formée par l'appareil dans une zone boisée, avec des débris peu reconnaissables, à part un morceau d'aile aux couleurs bleue et rouge de la compagnie.
Les recherches sont compliquées par le terrain accidenté et la végétation dense, a précisé cette femme qui a refusé de dire son nom.
La police bloquait l'accès au site de l'accident dans un village entouré de forêts et de rizières.
L'explosion du 737-800 a provoqué "comme un coup de tonnerre", a déclaré à l'AFP un habitant du village de Langnan, dénommé Ou. "Nous avons arrêté de travailler et sommes allés voir ce qui se passait", a-t-il ajouté, précisant que l'incendie avait fait rage à environ 1 km de sa maison.
- Chute de 6.000 m en une minute -
Selon le site spécialisé FlightRadar24, l'appareil, qui reliait Kunming (sud-ouest) à Canton (sud), a perdu en à peine une minute près de 21.250 pieds (6.477 m) avant de disparaître des écrans radar.
Puis, après une brève remontée, il a plongé à nouveau, de 4.625 pieds (1.410 m), selon le traceur, pour se trouver à 3.225 pieds (983 m) du sol. Il n'y a pas de données pour le vol après 14h22.
Une vidéo diffusée par des médias chinois fait apparaître un avion piquant verticalement du nez, mais l'AFP n'a pas été en mesure de vérifier son authenticité.
Jean-Paul Troadec, ancien directeur du Bureau d'enquête et d'analyse pour la sécurité aérienne en France, a estimé que les données du vol étaient "très inhabituelles".
L'accident risque de s'avérer le plus meurtrier pour l'aviation civile chinoise depuis 1994. La dernière catastrophe aérienne remontait à 2010, avec un bilan d'une quarantaine de morts.
De façon inhabituelle pour un dirigeant chinois, le président Xi Jinping a réagi à chaud lundi soir, appelant à "déterminer au plus vite les causes de l'accident".
Son principal conseiller économique, le vice-Premier ministre Liu He, s'est rendu sur place pour superviser les secours et l'enquête, selon l'agence Chine nouvelle.
- Appareils suspendus -
Selon le média financier Yicai, China Eastern a décidé, sans attendre les résultats de l'enquête, de suspendre tous ses 737-800.
Les actions du transporteur ont perdu près de 9% mardi à l'ouverture de la Bourse de Shanghai.
Boeing s'est de son côté dit prêt à collaborer à l'enquête des autorités chinoises. Le titre du constructeur a perdu 3,6% lundi à la clôture de Wall Street.
L'accident tombe mal pour le géant américain de l'aviation, qui était sur le point de reprendre ses livraisons du 737 MAX, un autre type d'appareil suspendu début 2019 à la suite de deux catastrophes aériennes.
(H.Duplantier--LPdF)