Caddie sauvé et repris par le groupe Cochez
Le célèbre fabricant de chariots de supermarché Caddie a échappé mardi à la liquidation, grâce au feu vert de la justice à son rachat par le groupe Cochez, mais va perdre près d'un cinquième de ses effectifs.
A l'issue d'une audience à huis clos de plus de deux heures, la chambre commerciale du tribunal judiciaire de Saverne (Bas-Rhin) a accepté l'offre de reprise présentée par l'industriel nordiste, comme le souhaitaient les administrateurs judiciaires.
Placé en redressement judiciaire début janvier, Caddie pourrait prendre ainsi un nouveau départ, après des semaines d'incertitudes, ses effectifs étant toutefois ramenés de 139 à 113 salariés.
"C'est un très grand soulagement", a réagi le président sortant de l'entreprise alsacienne Stéphane Dedieu, qui restera actionnaire minoritaire.
L'offre acceptée, qui était la seule présentée, permet la reprise de l'unique site de production de Caddie situé à Dettwiller (Bas-Rhin).
"Ce n'est pas une opération financière pour moi. Ce qui me motive est la sauvegarde d'un patrimoine industriel en voie de disparition", a souligné Pascal Cochez, fondateur du groupe du même nom, désireux de "lancer une reconquête commerciale" pour les chariots Caddie.
"Monsieur Cochez est un repreneur d'entreprises, s'il met l'argent, c'est qu'il y croit", a considéré Claude-Maxime Weil, l'un des administrateurs judiciaires.
Le groupe Cochez, spécialisé dans le transport et les services industriels, est basé à Valenciennes et compte 330 employés au total. Il a notamment repris en 2019 les denteliers Desseilles et Noyon, fleurons de l'industrie de la dentelle à Calais.
- Mois d'incertitude -
Nom déposé en 1959 et inspiré du golf, Caddie, dont les origines industrielles et alsaciennes remontent à 1928 avec des produits en fil de fer, a connu son heure de gloire avec l'essor de la société de consommation, indissociable du chariot métallique pour les grandes surfaces, avant de cumuler les difficultés.
Détenue depuis 2018 à 70% par le polonais Damix, l'entreprise dont le nom est devenu un nom commun a été acculée en janvier à une nouvelle faillite, la troisième en dix ans. Son usine a continué à fonctionner et les salaires à être payés grâce un prêt exceptionnel de l’État et de la région.
"Ce sont principalement les salariés qui ont porté à bout de bras cette entreprise, puisque le fait de continuer à travailler depuis le mois de janvier a permis d'éviter la liquidation judiciaire sèche", a insisté Thierry Carl, secrétaire adjoint CFTC du CSE. Au prix toutefois de "beaucoup d'anxiété et d'énervement" durant ces mois d'incertitudes, a-t-il relevé.
- Un avenir-
Le groupe Cochez, qui va désormais détenir 66% de Caddie, est venu en mars à la rescousse d'une offre initiale présentée par Stéphane Dedieu et des associés italiens et allemands. Ceux-ci n'étaient pas parvenus à réunir les fonds nécessaires pour faire cavaliers seuls et resteront minoritaires avec 34% des parts.
Au total, environ un million d'euros de fonds propres sont apportés par les nouveaux actionnaires, mais cette reprise est aussi rendue possible par des fonds publics, avec des prêts remboursables annoncés par l’État et la région Grand Est, à hauteur de près de 900.000 euros.
Relevant "des fragilités" dans l'offre de reprise, avec un apport de fonds propres limité, Bercy a toutefois estimé que "cette offre avait le mérite d'exister", ajoutant que l’État souhaitait "la soutenir, compte tenu de l'importance de l'entreprise Caddie pour le territoire".
"On continue à penser que Caddie est une entreprise qui a non seulement un passé mais aussi un avenir pour peu qu'elle se réorganise", avait estimé lundi Boris Ravignon, vice-président de la région Grand Est, chargé de l’économie.
Pour remettre Caddie sur les rails, Pascal Cochez, qui prévoit de chercher un nouveau directeur général pour l'entreprise dès mardi, compte sur deux leviers principaux: une revalorisation des prix de vente, devant tenir compte de la hausse des matières premières, et des gains de productivité. Il vise un premier chiffre d'affaires annuel de 17 millions d'euros, contre douze millions sur le dernier exercice.
(R.Lavigne--LPdF)