McKinsey: le gouvernement se défend d'un recours déraisonnable aux cabinets de conseil
Le recours aux cabinets de conseil est "habituel et utile", ont martelé deux ministres lors d'une longue conférence de presse mercredi, justifiant cette pratique en réponse à une polémique grandissante après un rapport sénatorial soulignant un "phénomène tentaculaire".
Selon ce rapport, les dépenses de conseil des ministères sont passées de 379,1 millions d'euros en 2018, à 893,9 millions d'euros en 2021.
En réponse aux craintes d'une dépendance des pouvoirs publics envers certains cabinets de conseil, la ministre de la Transformation et de la Fonction publique Amélie de Montchalin a rappelé que "aucun cabinet de conseil n'a décidé d'aucune réforme et la décision revient toujours à l’État".
"Nous ne nous sommes pas dessaisis de nos responsabilités", a-t-elle dit.
La pratique est selon elle "répandue", "habituelle" et "utile" dans la "majorité des cas".
Plus précisément, le cabinet McKinsey, sous le feu des projecteurs car accusé de ne pas avoir payé d'impôts sur les sociétés en France entre 2011 et 2020, représente 5% des dépenses de conseil en stratégie de l’État, a détaillé M. Dussopt. Et le gouvernement représente de son côté 5% du chiffre d'affaires de McKinsey, a-t-il ajouté.
"La situation fiscale de McKinsey est protégée par le secret fiscal, nos services ont diligenté une opération de contrôle à la fin de l'année 2021", a affirmé le ministre Dussopt, en se refusant à commenter l'issue ou les conséquences possibles de ce contrôle.
"Il n'y a rien à cacher", a insisté Olivier Dussopt, qui a martelé que l’État avait fait preuve de "transparence" en répondant aux questions de la commission sénatoriale d'enquête sur l'influence croissante des cabinets de conseil privés.
"Toutes les règles de la commande publique ont été respectées", a ajouté Amélie de Montchalin.
Si "l'État assume parfaitement de recourir à des cabinets de conseil dans certaines circonstances", il admet que des améliorations sont nécessaires, selon la ministre.
Une nouvelle doctrine de recours aux consultants a été définie en janvier dernier afin de s'assurer que les services publics ne disposaient pas des compétences en interne avant de recourir aux cabinets de conseil.
Amélie de Montchalin veut "réarmer l’État pour renforcer les compétences internes" et prévoit dès 2022 de "réduire d'au moins 15% le recours aux prestations de conseil externe".
La commission d'enquête sénatoriale a estimé après la conférence de presse que le gouvernement continuait de "minimiser l’influence des consultants".
Elle souligne que cet exercice de communication gouvernementale dans les locaux de Bercy "à dix jours du premier tour", "n’a pas levé toutes les zones d’ombre".
"Le fiasco de la mission de McKinsey sur l’avenir du métier d’enseignant", "la répartition des contrats pendant la crise sanitaire" ou le recours au cabinet McKinsey malgré les doutes sur sa situation fiscale sont autant d'exemples d'une "opacité" qui renforce "le climat de défiance", déplorent les sénateurs de la commission d'enquête dans un communiqué.
(V.Blanchet--LPdF)