Le Sri Lanka à court de carburants connaît ses pires coupures de courant
Plus une goutte de gazole n'était en vente jeudi au Sri Lanka, entravant les transports et aggravant les coupures d'électricité dans ce pays en pleine tourmente économique faute de devises pour payer ses importations.
Le Sri Lanka est frappé par la pire crise économique depuis son indépendance en 1948. Les 22 millions d'habitants connaissent des coupures d'électricité d'une durée record.
Les pénuries suscitent la colère et la télévision locale a fait état de manifestations avec des centaines d'automobilistes bloquant les principaux axes dans plusieurs villes.
Le gazole, principal carburant utilisé par les autobus et autocars ainsi que les véhicules commerciaux, n'était plus disponible dans les stations-service de l'île, selon les autorités et des informations de presse.
L'essence restait disponible à la vente mais en petites quantités, obligeant des automobilistes à abandonner leurs voitures dans des files d'attente démesurées.
"Nous siphonnons le gazole des bus qui restent au garage pour réparation et l'utilisons pour faire rouler des véhicules en service", a expliqué le ministre des Transports Dilum Amunugama.
Les propriétaires d'autobus et autocars privés, qui représentent les deux tiers de la flotte dans le pays, ont annoncé manquer de carburant et ne pouvoir assurer pas même un service minimum à compter de vendredi.
"Nous tirons encore sur de vieux stocks de gazole, mais si nous n'obtenons pas d'approvisionnement d'ici ce soir, nous ne pourrons plus fonctionner", a déclaré à l'AFP le président de l'association des opérateurs privés d'autobus et autocars, Gemunu Wijeratne.
Le monopole d'Etat chargé de l'électricité a annoncé des coupures de courant de 13 heures à partir de jeudi, faute de fioul pour les générateurs.
"On nous promet de nouvelles livraisons dans les deux jours et si cela arrive, nous pouvons réduire la durée des coupures de courant", a déclaré aux journalistes le présidence de Ceylon Electricity Board, M. M. C. Ferdinando.
Le niveau des réservoirs hydrauliques qui assurent plus d'un tiers de la demande d'électricité est, selon lui, dangereusement bas.
Les longues coupures d'électricité ont obligé la Bourse de Colombo à réduire de moitié ses échanges, à deux heures seulement. De nombreuses sociétés demandent au personnel non essentiel de rester à la maison.
Le rationnement de l'électricité frappe également les antennes-relais de téléphonie mobile, affectant la qualité des appels, ont indiqué des opérateurs en précisant que leurs générateurs de secours se retrouvaient également sans fioul.
Plusieurs hôpitaux publics ont cessé de procéder à des opérations et manquent de médicaments vitaux. La plupart ont également cessé d'effectuer des tests de diagnostic et dépistage qui nécessitent des produits chimiques importés.
Colombo a imposé en mars 2020 des restrictions drastiques aux importations pour tenter d'économiser ses réserves en devises afin d'assurer le service de sa dette extérieure de 51 milliards de dollars. Les pénuries se sont multipliées dans la foulée et les prix ont explosé.
Le gouvernement cherche un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) et essaie d'emprunter à l'Inde et à la Chine.
Les difficultés du Sri Lanka ont été aggravées par la pandémie de Covid-19 qui a sinistré le tourisme, source majeure de devises, et handicapé les envois de fonds des expatriés.
Nombre d'économistes critiquent la mauvaise gestion gouvernementale, avec des réductions d'impôts et des années de déficits budgétaires.
(H.Leroy--LPdF)