Wall Street ouvre en baisse, la morosité persiste
La Bourse de New York a ouvert en baisse lundi, prenant la direction d'une troisième séance consécutive de repli, asphyxiée par le poids de l'inflation et du spectre d'un ralentissement économique.
Vers 14H10 GMT, le Dow Jones reculait de 1,13%, l'indice Nasdaq, à forte représentation technologique, cédait 0,42%, et l'indice élargi S&P 500, 1,14%.
"Il y a un effet de vases communicants entre la semaine dernière et celle-ci, et les gens continuent à vendre et à poser des questions après", a commenté Adam Sarhan, de 50 Park Investments.
"De façon générale, la faiblesse de ce matin, et des semaines passées, est liée aux inquiétudes relatives à la croissance économique et à celle des entreprises", écrit Patrick O'Hare, de Briefing.com, dans une note.
Ces craintes sont nourries par le discours de plus en plus volontariste des responsables de la Banque centrale américaine (Fed), décidés à enrayer l'inflation.
Les opérateurs tablent maintenant sur quatre hausses de taux consécutives d'un demi-point chacune, ce qui serait une première depuis plus de quarante ans.
Autre source de préoccupation pour les investisseurs, l'incapacité des autorités chinoises à juguler les nouveaux foyers de Covid-19 malgré des confinements stricts.
Quelque 51 nouveaux décès liés au virus ont été annoncés lundi à Shanghai, un record pour la capitale économique chinoise, malgré les mesures en place.
De nouveaux cas ont également été signalés à Pékin.
Côté sociétés, la semaine s'annonce comme la plus chargée de la saison en matière de résultats d'entreprises, avec environ un tiers des valeurs du S&P 500 et près de la moitié du Dow Jones.
Le marché, qui a réservé un accueil terrible aux chiffres de Netflix (-2,27% dans les premiers échanges) mardi dernier, suivra notamment de près Amazon, Microsoft, Apple et Meta (ex-Facebook).
"La réaction à ces résultats me dira tout ce que j'ai besoin de savoir sur l'orientation future du marché", a expliqué Adam Sarhan.
"Si les ventes se poursuivent, on pourrait revenir aux plus bas récents et partir en +bear market+", c'est-à-dire un marché en baisse d'au moins 20% par rapport à son plus haut.
C'est déjà le cas pour le Nasdaq, qui s'est contracté de plus de 21% depuis son sommet historique du 22 novembre.
Pour autant, "le marché est tellement déprimé en ce moment que toute bonne surprise, même modeste, soutiendrait le marché", selon Adam Sarhan.
L'indice VIX, qui mesure sa volatilité, grimpait de plus de 6% lundi et retrouvait des hauteurs qu'il n'avait plus connues depuis un mois et demi.
Après avoir flirté avec les 3% la semaine dernière, le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans se détendait nettement, à 2,77% contre 2,90% vendredi, signe d'un regain d'appétit pour les obligations et, plus généralement, pour les actifs jugés sûrs.
Twitter grimpait (+3,78% à 50,76 dollars) après l'annonce, par plusieurs médias, d'un accord imminent entre Elon Musk et le conseil d'administration de la plateforme en vue de sa prise de contrôle.
Le marché trinquait à la santé de Coca-Cola (+0,43% à 65,53 dollars), dont le chiffre d'affaires et les bénéfices trimestriels sont ressortis au-dessus des attentes.
Le groupe de boissons est parvenu à relever ses prix de 7% en moyenne sans affecter la demande.
Plombées par la glissade du brut, lui aussi marqué par le spectre d'un ralentissement économique, les valeurs pétrolières lâchaient du terrain, à l'instar d'ExxonMobil (-5,45%), ConocoPhillips (-5,37%) ou Marathon Petroleum (-4,51%).
Même coup de froid pour les minières Barrick Gold (-4,61%) ou Freeport-McMoRan (-4,56%).
(N.Lambert--LPdF)