Les profits et les utilisateurs de Meta rassurent, mais l'avenir reste incertain
Meta a gagné des utilisateurs et réalisé des profits trimestriels meilleurs qu'attendus par le marché dans un contexte économique et politique compliqué pour la maison mère de Facebook et Instagram.
Le groupe californien a dégagé 7,47 milliards de dollars de bénéfice net au premier trimestre, un résultat en baisse de 21% sur un an, pour un chiffre d'affaires frôlant les 28 milliards de dollars (+7%).
Son titre bondissait de 18% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York.
Surtout, il n'a pas de nouveau perdu des utilisateurs.
Ces chiffres étaient très attendus des investisseurs après ceux de février, quand le réseau social avait admis avoir perdu, pour la première fois, environ un million d'utilisateurs quotidiens actifs en trois mois.
Fin mars, Facebook comptait 1,96 milliard d'utilisateurs quotidiens, contre 1,93 fin décembre 2021, d'après le communiqué de résultats de l'entreprise.
Et quelque 3,64 milliards de personnes dans le monde se servent d'au moins une des plateformes du groupe (Facebook, Instagram, Messenger, WhatsApp) tous les mois.
Mais Meta doit quand même "faire face à la réalité: la croissance des utilisateurs de Facebook stagne", a souligné Debra Aho Williamson, analyste chez eMarketer.
"Il revient donc à Instagram de servir de moteur de croissance", a-t-elle ajouté. "Le métavers génère beaucoup de presse, mais Horizon Worlds, la plateforme sociale en réalité virtuelle de Meta, ne compte que quelques centaines de milliers d'utilisateurs à ce stade".
Le groupe de Mark Zuckerberg a changé de nom en octobre pour signaler un changement de stratégie. Le géant des réseaux sociaux entend se concentrer sur le "métavers", considéré dans la Silicon Valley comme l'avenir de l'internet: un univers parallèle où le public utilisera des lunettes de réalité augmentée ou virtuelle pour interagir, travailler ou se divertir.
- Le bolide TikTok -
Dans l'immédiat, le deuxième acteur mondial de la publicité en ligne fait néanmoins face à de nombreux vents contraires.
Les règles imposées par Apple l'année dernière - pour empêcher les applications de récolter sans permission des données sur les utilisateurs à des fins publicitaire - affectent les résultats financiers de Meta.
Ce problème, "combiné avec l'ascension de TikTok, les inquiétudes des marques liées aux contenus problématiques et l'évolution des comportements des utilisateurs sur les réseaux sociaux, annonce des turbulences pour les revenus publicitaires de Meta", a commenté Jasmine Enberg, analyste de Insider Intelligence.
"Il est malgré tout clair que les annonceurs continuent d'utiliser Facebook et Instagram pour s'adresser à leurs immenses publics", a-t-elle nuancé.
La très populaire application concurrente TikTok grignote des parts d'audience à toutes les grandes plateformes, de YouTube à Instagram, qui ont copié ses formats de vidéos courtes et amusantes (avec les "YouTube Short"s et les "Reels", respectivement).
"Notre transition vers les formats courts ne génère pas encore de revenus substantiels pour l'instant, mais nous sommes optimistes sur le long terme", a assuré Mark Zuckerberg, le patron du groupe, lors de la conférence téléphonique aux analystes.
Il a aussi rappelé que son entreprise investissait dans des technologies pour contourner le problème posé par son voisin Apple.
Comme pour Google, le leader mondial de la publicité numérique, les comparaisons en 2022 avec l'année 2021, marquée par l'explosion des plateformes sur le web et mobiles grâce à la pandémie, sont défavorables à Meta.
Et dans le contexte de l'inflation et des difficultés sur la chaîne d'approvisionnement, les annonceurs doivent resserrer leur budget.
"Nous nous attendons à des revenus compris entre 28 et 30 milliards de dollars au deuxième trimestre 2022", a indiqué Meta, "en prenant en compte des tendances qui ont affecté la croissance au premier trimestre, notamment sur la fin, au moment du début de la guerre en Ukraine".
Facebook et Instagram ont été bloqués en Russie, et le groupe américain n'accepte plus les publicités russes dans le monde en général.
(R.Dupont--LPdF)