Wall Street ouvre en forte baisse, gueule de bois après la Fed
La Bourse de New York a ouvert en forte baisse jeudi, revenue de l'euphorie qui avait suivi mercredi l'annonce d'une hausse marquée du taux de la Fed et les commentaires de son président.
Vers 14H00 GMT, le Dow Jones lâchait 1,44%, l'indice Nasdaq, à forte coloration technologique, 2,60%, et l'indice élargi Nasdaq, 1,76%.
Mercredi, le marché avait réagi positivement, pas tant à l'annonce d'une hausse d'un demi-point du taux directeur de la banque centrale américaine (Fed), déjà intégrée par les investisseurs, qu'aux déclarations de son président, Jerome Powell.
Le responsable a notamment écarté la perspective d'un relèvement de 0,75 point lors d'une prochaine réunion.
En l'espace de quelques heures, les opérateurs ont complètement revu leurs anticipations, et estimaient jeudi nulle la probabilité d'une hausse d'au moins 0,75 point lors de la prochaine réunion, en juin, alors qu'ils l'évaluaient à 99% mercredi avant la communication de la Fed.
"Ca a été un catalyseur d'entendre qu'un relèvement de +seulement+ un demi-point était probable", a commenté, dans une note, Patrick O'Hare, de Briefing.com.
Pour l'analyste, une partie des opérateurs semble aussi considérer, à la lumière des décisions et commentaires de mercredi, que la Fed "peut mettre l'inflation sous contrôle sans entraîner l'économie dans une récession".
Pour autant, après ce soulagement collectif, "le marché se réveille et réalise qu'aucun des problèmes structurels qui l'ont fait baisser n'a été résolu", a souligné Adam Sarhan, de 50 Park Investments.
"L'inflation reste élevée", a-t-il détaillé, "la Fed va continuer à monter ses taux et le tableau d'une croissance ralenti n'a pas changé."
Les indices n'ont pas été aidés par deux mauvais indicateurs, le premier faisant état d'une légère hausse, supérieure aux attentes, des inscriptions hebdomadaires au chômage, l'autre d'un recul de la productivité aux Etats-Unis au premier trimestre.
Sur le marché obligataire, après s'être brusquement détendus dans la foulée de la conférence de presse de Jerome Powell, les taux remontaient jeudi.
Le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans a ainsi repassé le seuil symbolique de 3%, qu'il avait déjà franchi brièvement lundi, pour la première fois depuis fin 2018.
Pour Adam Sarhan, les investisseurs redoutent d'assister à une "récession des résultats" des entreprises cotées à Wall Street, déclinaison du ralentissement économique déjà à l'oeuvre aux Etats-Unis.
Un sentiment alimenté par les prévisions prudentes, voire franchement pessimistes, de plusieurs sociétés qui ont publié leurs résultats trimestriels mercredi et jeudi, en particulier dans le secteur du e-commerce.
Le site de vente en ligne eBay reculait ainsi (-7,17% à 50,52 dollars) malgré un chiffre d'affaires et un bénéfice supérieurs au consensus de Wall Street, les observateurs retenant surtout les projections du groupe pour le deuxième trimestre, inférieures à celles du marché.
La plateforme de commerce en ligne Shopify s'effondrait également dans les premiers échanges (-17,61% à 399,99 dollars), après la publication d'un chiffre d'affaires très inférieur aux attentes, ainsi qu'une perte sensiblement supérieure.
Un autre site de commerce électronique, Etsy, dédié aux artisans, était lui aussi sanctionné (-16,24% à 91,57 dollars), malgré des résultats conforme aux attentes, pour ses prévisions jugées décevantes, qui tablent sur une baisse d'activité.
Twitter bénéficiait (+3,59% à 50,82 dollars) de la communication d'Elon Musk, qui est parvenu à lever 7 milliards de dollars auprès d'investisseurs pour financer le rachat de la plateforme.
Cette somme, récoltée auprès de fonds et d'investisseurs fortunés comme l'entrepreneur Larry Ellison ou le prince saoudien Al-Walid ben Talal, va permettre de réduire le montant emprunté auprès de banques pour l'opération.
Maison mère de la Bourse de New York NYSE, Intercontinental Exchange (ICE) subissait des ventes (-3,02% à 106,54 dollars) après avoir rapporté, mercredi après Bourse, l'acquisition prochaine du spécialiste des services informatiques au secteur de l'immobilier, Black Knight, pour 13,1 milliards de dollars.
Snap (-5,92%), Meta (maison mère d'Instagram, -4,47%) ou Alphabet (maison mère de YouTube, -3,84%) partaient en marche arrière après que leur plus féroce concurrent, TikTok, a révélé mercredi qu'il allait mettre en place un système de partage des revenus publicitaires avec les créateurs les plus populaires de la plateforme.
(F.Moulin--LPdF)