Le Pays De France - La Banque d'Angleterre porte son taux au plus haut en 13 ans

Paris -
La Banque d'Angleterre porte son taux au plus haut en 13 ans
La Banque d'Angleterre porte son taux au plus haut en 13 ans / Photo: © POOL/AFP

La Banque d'Angleterre porte son taux au plus haut en 13 ans

La Banque d'Angleterre (BoE) a relevé jeudi son taux à un plus haut depuis 2009 pour contrer l'inflation, qu'elle voit flamber au-dessus de 10% au quatrième trimestre et provoquer une contraction de l'économie.

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La hausse de 0,25 point, quatrième relèvement d'affilée décidé par la banque centrale britannique, porte le taux directeur à 1%.

Le gouverneur de l'institut monétaire Andrew Bailey a reconnu "les difficultés que cela va créer pour de nombreuses personnes à travers le Royaume-Uni, particulièrement les plus petits revenus, (...) les plus touchés par la hausse des prix de l'énergie et de la nourriture".

La veille, la Réserve fédérale américaine (Fed) avait remonté ses taux directeurs de 0,5 point, rattrapant son retard pour combattre l'inflation par rapport à la BoE, qui a commencé à agir fin 2021, tandis que la Banque centrale européenne (BCE) envisage de leur emboîter le pas.

"Les pressions inflationnistes mondiales se sont sévèrement intensifiées après l'invasion de l'Ukraine par la Russie" et vont se répercuter sur les ménages britanniques en octobre avec une hausse des prix régulés de l'électricité de 40%, a expliqué la BoE dans le compte rendu de sa réunion.

Résultat: l'inflation devrait culminer à "un peu plus de 10%" au quatrième trimestre, soit nettement plus que les 2% visés par l'institut monétaire britannique, et l'économie va reculer avec la chute du pouvoir d'achat des ménages à partir de la fin 2022.

Ces annonces ont fait plonger la livre, en baisse de plus de 2% à 1,2360 dollar vers 15H15 GMT.

"Le message est qu'il y aura besoin d'une politique monétaire moins dure pour calmer l'inflation que ce que le marché prévoyait", la croissance atone de l'activité se chargeant de ralentir la hausse des prix, commente Daniel Vernazza, économiste chez UniCredit.

Le marché anticipait en effet une hausse de taux allant jusqu'à 2,5% dans l'année à venir. Mais pour la BoE, monter autant les taux plomberait tellement l'activité que cela étoufferait en même temps l'inflation, qui retomberait alors bien en dessous de son objectif de 2% en 2024.

- Impuissance -

La BoE tablait encore en février sur une augmentation de 1,25% du Produit intérieur brut (PIB) en 2023. Elle anticipe désormais une contraction de 0,25% l'an prochain.

Etant donné la manière dont le marché de l'électricité est régulé au Royaume-Uni, avec des évolutions deux fois par an, "l'inflation des prix aux consommateurs (...) pourrait redescendre plus tardivement" qu'ailleurs dans le monde, prévient la BoE.

Si les cours restent à un niveau élevé, cela "va forcément peser sur les revenus réels des ménages du Royaume-Uni, et sur la marge des entreprises qui y sont installées", prévient la BoE.

"La politique monétaire ne peut rien faire contre cela", ajoute-t-elle, estimant que son "rôle est de s'assurer que ce changement se produit d'une manière compatible avec son objectif d'une inflation à 2%".

Pour l'institut monétaire, l'enjeu est d'empêcher que ces chocs ne se traduisent par des hausses de prix et de salaires à long terme.

"La plupart des membres du Comité estiment qu'un degré de hausse supplémentaire dans les prochains mois pourrait être approprié", selon le compte-rendu.

Le sujet du coût de la vie est au centre des élections locales qui se tiennent jeudi au Royaume-Uni, le Premier ministre Boris Johnson promettant de faire "tout son possible", alors que l'opposition raille son approche "déconnectée de la réalité".

La secrétaire générale du syndicat Unite Sharon Graham a dénoncé jeudi la hausse des taux, qui selon elle "ajoute une pression financière sur les familles ordinaires, sur les emprunts et les loyers".

Le Fonds monétaire international (FMI) avait fortement révisé à la baisse il y a quelques jours ses prévisions pour l'économie britannique, disant s'attendre à ce que le Royaume-Uni connaisse la croissance la plus faible du G7 l'an prochain.

(A.Monet--LPdF)