Carlos Tavares bouscule l'organisation de Stellantis pour sa dernière année
Affrontant des difficultés en Amérique du Nord et en Europe, le patron de Stellantis Carlos Tavares s'est entouré de proches pour sa dernière année à la tête du groupe.
"Afin de simplifier et d'améliorer la performance de son organisation dans un environnement mondial turbulent", le conseil d'administration réuni jeudi aux Etats-Unis a notamment nommé Doug Ostermann, un spécialiste de l'industrie automobile jusqu'à présent directeur des opérations en Chine, au poste de directeur financier.
Il remplace Natalie Knight, arrivée d'autres industries en 2023, et qui va quitter le groupe, précise Stellantis dans un communiqué.
- Commercial -
En Amérique du Nord, le patron de Jeep Antonio Filosa (et ancien responsable de Fiat-Chrysler en Amérique latine) prend le contrôle des opérations. Stellantis y gère d'urgents problèmes de surstocks avec des voitures affichées trop cher et qui ont du mal à s'écouler.
Pour la région Europe, où les ventes ont ralenti et la plupart des constructeurs sont en difficulté, l'ancien patron d'Opel Uwe Hochgeschurtz est remplacé par un proche de Carlos Tavares, Jean-Michel Imparato. Celui-ci garde la direction des véhicules utilitaire de Stellantis mais laisse le contrôle d'Alfa Romeo à Santo Ficili.
M. Ficili, ex-directeur de Stellantis en Italie, hérite aussi du volant en cuir de Maserati, la marque de luxe du groupe dont les ventes déçoivent.
Cette révolution de palais a pour but selon Stellantis de "recentrer la société sur ses principales priorités opérationnelles et de s'attaquer avec détermination aux défis mondiaux auxquels le secteur automobile est confronté".
M. Tavares continue à s'entourer de proches dans son comité de direction. Mais il a aussi choisi des profils plus "commerciaux", commente-t-on au sein du groupe.
"Dans cette période de transformation darwinienne pour l'industrie automobile, notre devoir et notre responsabilité éthique sont de nous adapter et de nous préparer pour l'avenir, mieux et plus rapidement que nos concurrents, afin d'offrir à nos clients une mobilité propre, sûre et abordable", a relevé M. Tavares.
Le groupe automobile a aussi confirmé dans la nuit de jeudi à vendredi le départ à la retraitre de , 66 ans, à la fin de son mandat en janvier 2026.
De son côté, John Elkann, président du conseil d'administration, a assuré du soutien "unanime" des administrateurs envers M. Tavares et la redistribution des rôles.
La révolution n'a pas complètement convaincu les marchés vendredi et l'action Stellantis poursuivait sa baisse vendredi avec -3,74% à 13H45, à 11,73 euros, sous son cours d'introduction en 2021, sur un marché stable à la Bourse de Paris.
- Difficultés -
Le groupe aux quinze marques traverse une passe difficile après des années de profits record, depuis sa fondation en 2021 avec la fusion de PSA (Peugeot-Citroën) et FCA (Fiat-Chrysler).
Stellantis a annoncé fin septembre une nette révision à la baisse de son objectif de marge opérationnelle, estimée désormais entre 5,5% et 7%, contre "deux chiffres" auparavant, pour l'année 2024.
Stellantis, qui produit aussi bien des Chrysler que des Citroën, Fiat, Jeep, Dodge, Lancia, Opel, Peugeot, Ram ou Vauxhall, avait déjà publié en juillet un résultat en forte chute au premier semestre.
Il était notamment handicapé par une baisse de 18% des ventes en Amérique du Nord, la machine à cash du groupe. Au troisième trimestre, ces ventes y ont encore chuté de 20% sur un an.
"La stratégie d'entreprise a fait ses preuves", martelait pourtant M. Tavares il y a une semaine lors d'une visite de l'usine historique de Peugeot à Sochaux (Est de la France). "L’entreprise n’est pas en difficulté au sens de sa survie mais c’est un avertissement sérieux", a-t-il souligné.
A cette occasion, le patron portugais avait aussi indiqué qu'il pourrait prendre sa retraite en janvier 2026.
Le groupe a indiqué dans son communiqué nocturne que le processus d'identification de son successeur dès la fin de son mandat de cinq ans, en janvier 2026, était désormais formellement lancé. Il a été confié à un comité spécial du conseil d'administration, qui doit achever ses travaux au quatrième trimestre 2025.
Avant de piloter la création de Stellantis en janvier 2021, Carlos Tavares était devenu patron du conseil de PSA en mars 2014, seulement deux mois après avoir intégré le groupe. Il arrivait de chez Renault (2011-2013), où il a commencé sa carrière en 1981 mais était parti chez Nissan en 2004.
(P.Toussaint--LPdF)