L'inflation remonte aux États-Unis pour le deuxième mois d'affilée
L'inflation s'est de nouveau accélérée en novembre aux États-Unis, pour le deuxième mois d'affilée, et les craintes grandissent de voir la courbe rester sur cette trajectoire, compliquant la tâche de la Banque centrale américaine (Fed) qui se réunit la semaine prochaine.
Les prix à la consommation ont augmenté de 2,7% sur un an en novembre, contre 2,6% en octobre, selon l'indice CPI publié mercredi par le département du Travail, et sur lequel sont indexées les retraites.
Sur un mois seulement, la hausse des prix à la consommation est également plus forte en novembre qu'en octobre, à 0,3% contre 0,2%, comme attendu.
L'inflation avait rebondi en octobre, pour la première fois depuis mars.
"Depuis quatre mois, l'inflation est proche de son niveau d'avant la pandémie", a cependant commenté la principale conseillère économique de la Maison-Blanche Lael Brainard, et "les revenus des ménages ont augmenté plus que les prix" sous l'administration de Joe Biden.
Le prix des œufs, qui était devenu le symbole de la forte inflation des dernières années, est supérieur de 37,5% à celui de novembre 2023, encore tiré à la hausse récemment par la grippe aviaire.
Toutefois, "le principal élément contribuant à l'inflation reste le logement", avec des prix élevés "en raison du très bas niveau de biens disponibles", a commenté Julia Pollak, cheffe économiste pour le site ZipRecruiter.
L'inflation dite sous-jacente, qui exclut les prix volatils de l'alimentation et de l'énergie, est restée stable, à 0,3% sur un mois et 3,3% sur un an.
- "mettre fin au cauchemar" -
Pour le sénateur républicain Rick Scott, "les familles se souviendront à jamais de l'administration Biden-Harris pour son inflation de 20%".
"Avec le retour de Trump au pouvoir" le 20 janvier, nous pouvons nous mettre au travail pour mettre fin au cauchemar de l'inflation", a-t-il assuré.
Une commission dirigée par Elon Musk est notamment chargée de tailler dans les dépenses fédérales, en coupant à tour de bras dans les effectifs de la fonction publique.
Mais pour le représentant démocrate à la Chambre Brendan Boyle, "les Républicains ne résolvent pas l'inflation, ils redoublent d'efforts pour l'aggraver, tout cela au profit des milliardaires et des grandes entreprises".
"Les tarifs douaniers de Trump ne sont rien d'autre que des taxes déguisées, obligeant les Américains à payer davantage pour les produits essentiels du quotidien", et "les entreprises se préparent déjà à augmenter les prix en conséquence", a-t-il déploré.
Donald Trump a promis de vastes hausses de droits de douane.
Les entreprises américaines se montrent inquiètes d'un rebond de l'inflation, en raison notamment de cette politique, a récemment mis en lumière une enquête réalisée par la Fed auprès de dirigeants d'entreprises.
- Succès "pas certain" -
Wall Street a toutefois ouvert à la hausse mercredi après ces chiffres, avant d'évoluer en ordre dispersé.
"L'inflation a cessé de baisser, mais ce n'est pas un problème suffisant pour faire dérailler ce marché haussier", a souligné David Russell, analyste pour TradeStation, et l'attention "pourrait désormais se porter sur la politique de droits de douane de la nouvelle administration".
Les responsables de la Fed se réunissent la semaine prochaine et décideront s'ils abaissent les taux pour la troisième fois d'affilée, ou s'ils font une pause.
Une baisse d'un quart de point est très majoritairement attendue par les acteurs du marché, selon l'évaluation de CME Group.
L'indice d'inflation est "suffisamment correct – sans surprise significative", et "laisse la Fed sur la bonne voie pour abaisser ses taux", a commenté Krishna Guha, économiste pour la société d'investissement Evercore.
Les économistes de High Frequency Economics soulignent néanmoins que le lot "d'incertitudes qui pèse sur les changements de politique à court terme" pourrait encourager la Fed à faire une pause.
Le président de la Fed Jerome Powell a récemment estimé que la banque centrale "pouvait se permettre d'être un peu plus prudente" sur les baisses de taux du fait de la vigueur de l'économie.
D'autant que plus que les risques liés à l'inflation restent "plus importants" que ceux liés au chômage, selon Michelle Bowman, une gouverneure de la Fed.
Pour Beth Hammack, présidente de la Fed de Cleveland, "le processus de désinflation a ralenti", et "le succès n'est pas certain".
(C.Fontaine--LPdF)