Twitter: Musk remet une pièce dans la machine, le titre s'envole
Elon Musk a élevé à 33,5 milliards de dollars la somme apportée directement par l'entrepreneur et ses partenaires pour le rachat de Twitter, abaissant encore le montant emprunté à des banques, une annonce qui a plu aux investisseurs.
Après l'annonce, l'action du groupe à l'oiseau bleu s'est envolée dans les échanges postérieurs à la clôture de Wall Street. Vers 23H00 GMT, le titre prenait plus de 5%.
Le directeur général de Tesla, qui avait initialement souscrit pour 25,5 milliards de crédits, a abaissé ces emprunts à 13 milliards de dollars, selon un document enregistré mercredi par l'autorité américaine des marchés (SEC), ce qui allège considérablement sa charge financière.
Début mai, plusieurs actionnaires existants de Twitter s'étaient déjà engagés à apporter leurs titres à l'opération et rester ainsi minoritaires au sein du capital une fois la société retirée de la cote.
La valorisation de leurs titres réduisait d'autant l'enveloppe qu'Elon Musk devait mettre sur la table.
Mercredi, le fondateur de SpaceX a annoncé avoir reçu de nouveaux engagements directs, qui lui ont permis de réduire de 6,25 milliards supplémentaires le montant des prêts souscrits pour l'acquisition.
Il n'a pas précisé si ce montant provenait, pour tout ou partie, de son patrimoine personnel, ou si d'autres investisseurs l'avaient rejoint.
- Coup de "poker" -
Mais il a indiqué être en discussion avec plusieurs personnes, dont le co-fondateur et ancien directeur général Jack Dorsey, en vue de les rallier au projet et d'obtenir leur contribution, soit en numéraire, soit en actions Twitter, ce qui pourrait encore réduire la somme empruntée.
"Elon Musk change simplement la structure du financement. C'est une avancée, cela réduit en partie la pression du côté de la dette", a commenté l'expert Dan Ives, du cabinet Wedbush, sur Twitter.
"La partie de poker à gros enjeux continue. Les chances que la transaction aboutisse sont à 50/50 désormais, au lieu de 40/60, à notre avis", a-t-il ajouté.
Les 12,5 milliards de dollars de prêts qui n'auront finalement pas été nécessaires avaient inquiété une partie des analystes, car il s'agissait de crédits adossés à des titres Tesla. Ils créaient ainsi un lien avec le constructeur automobile, ce qui avait déplu au marché.
Depuis la révélation d'une prise de participation d'Elon Musk au capital de Twitter, début avril, le groupe vit au rythme des multiples rebondissements du dossier.
Mardi l'action était tombée à 35,40 dollars, soit 35% de moins que le prix officiellement proposé par le bouillant entrepreneur mi-avril et validé, un peu plus tard, par le conseil d'administration (CA).
Un décalage interprété par Wall Street comme l'illustration des doutes des investisseurs sur les chances de succès de cette prise de contrôle.
- Un allié en moins -
Ces doutes ont été alimentés par le multimilliardaire lui-même, qui a soufflé le chaud et le froid la semaine dernière.
Il avait notamment annoncé suspendre l'opération parce qu'il voulait s'assurer "que les spams et les faux comptes représent(aient) vraiment moins de 5% du nombre d'utilisateurs". Avant de réitérer son engagement à acquérir le réseau social.
Le patron de Twitter, Parag Agrawal, était monté au créneau pour détailler les mesures prises pour lutter contre les faux comptes et Elon Musk avait répondu par plusieurs messages, dont un simple émoji en forme de crotte qui rit.
Mercredi, lors de l'assemblée générale du groupe, les actionnaires ont voté contre la réélection au CA d'Egon Durban, co-directeur général du fonds d'investissement Silver Lake et allié du patron de Tesla.
La question du rachat n'a pas été évoquée lors de l'AG. Le vote des actionnaires sur l'offre d'Elon Musk devra faire l'objet d'une assemblée générale extraordinaire, à une date non connue pour l'instant.
Les tensions entre la direction de Twitter et l'homme le plus riche au monde se sont multipliées depuis début avril.
Le CA avait initialement tenté d'empêcher la transaction avant de s'incliner.
Elon Musk, qui compte plus de 95 millions d'abonnés à son profil, dit vouloir faire de la plateforme un bastion de la liberté d'expression, suivant la vision de la droite américaine, qui se considère censurée par les réseaux sociaux.
(E.Beaufort--LPdF)