Le Pays De France - À Paris, l'"antiquaire de la mode" Didier Ludot prend sa retraite

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À Paris, l'"antiquaire de la mode" Didier Ludot prend sa retraite
À Paris, l'"antiquaire de la mode" Didier Ludot prend sa retraite / Photo: © AFP

À Paris, l'"antiquaire de la mode" Didier Ludot prend sa retraite

Après plus de 50 ans passés à vendre de la haute couture vintage à Paris, Didier Ludot s'apprête à baisser le rideau de sa boutique du Palais-Royal et va disperser ses dernières pièces lors d'une vente aux enchères le 30 janvier.

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Installé depuis 1974 en plein coeur de la capitale, son magasin, baptisé simplement "Didier Ludot", s'est imposé au fil des ans comme une référence incontournable dans son domaine.

Mais aujourd'hui, celui qui se fait surnommer "l'antiquaire de la mode" prend sa retraite. "Je me sens un peu déconnecté de ce milieu maintenant", a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse cette semaine.

"J'ai vécu une période extraordinaire, où les femmes qui venaient dans la boutique étaient passionnées par ça. Maintenant, on a une clientèle qui achète du vintage parce que c'est à la mode mais elles ne savent même pas enfiler une robe haute couture", a déploré le septuagénaire.

"Les femmes qui achètent maintenant, surtout les jeunes, elles n'ont aucune culture mode", a-t-il insisté.

Ces dernières années, Didier Ludot a ainsi entrepris de revendre sa collection à travers plusieurs ventes aux enchères.

- Passion Saint Laurent -

Celle du 30 janvier, organisée par Bonhams Cornette de Saint Cyr et intitulée "Dernier passage", propose 380 modèles Balenciaga, Dior, Chanel, Madame Grès, Givenchy, Lanvin ou encore Yves Saint Laurent, créateur auquel le collectionneur voue une passion depuis toujours.

Pas moins de 75 pièces du couturier figurent au catalogue, dont 20 prototypes de défilés, Didier Ludot confessant n'avoir jamais pu refuser de racheter une tenue Saint Laurent.

C'est la collection "Libération" du couturier, en 1971, inspirée par la mode des années 1940 marquées par la guerre, qui lui donne le goût du vintage.

"À cette époque, on parle de +rétro+, pas de +vintage+", précise-t-il.

Si la collection est critiquée par la presse pour ces références au Paris de l'Occupation, elle conquiert le public.

Le jeune Breton, monté à Paris pour étudier à l'École supérieure des arts modernes, écume alors le marché d'Aligre pour acheter des robes, des sacs en croco ou des étoles en renard argenté qu'il revend à des amies.

En 1974, à 22 ans, il achète un local de 6 m2 dans le quartier du Palais-Royal. "Je ne pouvais même pas allonger les jambes", se souvient-il.

Il y revend les bijoux Art déco chinés avec sa mère, avant que des femmes du quartier ne lui déposent leurs affaires.

"J'ai commencé à mettre trois robes, les sacs en croco... C'est devenu trop petit, donc j'ai acheté une boutique à côté. Et puis une autre, qui est devenue spécialisée dans la haute couture", rembobine-il.

Sa boutique est devenue célèbre dans le monde entier, accueillant Demi Moore, Julia Roberts, Nicole Kidman ou encore Catherine Deneuve.

Didier Ludot a notamment habillé Reese Witherspoon en 2006, pour la cérémonie des Oscars au cours de laquelle elle a été sacrée meilleure actrice pour son rôle dans "Walk the Line".

"Elle a eu l'Oscar grâce à la robe... et à son talent", concède malicieusement le collectionneur.

- Tout doit disparaître -

Cette fameuse robe, un modèle Dior de 1956, ne se trouve pas dans le catalogue de cette dernière vente.

Figurent en revanche les modèles "Sévillane" et "Coquine", deux robes du soir célèbres de Saint Laurent pour Christian Dior sorties en 1959, un tailleur en tweed ivoire de la dernière collection créée par Gabrielle "Coco" Chanel en 1971, une robe du soir en tulle Jean Dessès de 1952 ou encore une robe noire bustier Balenciaga de 1957.

Autant de modèles qui seront exposés du 24 au 29 janvier dans les locaux de Bonhams Cornette de Saint Cyr, dans le 8e arrondissement de Paris.

Une vente en ligne est également prévue du 23 janvier au 3 février.

À la fin, il ne doit plus rien rester de cette collection constituée durant plus d'un demi-siècle. Didier Ludot assure que ça ne le peine pas. "Ces robes, je ne les porte pas, je les ai dans ma tête. Donc elles seront toujours à moi", sourit-il.

Et la suite ? "J'ai eu la chance de côtoyer des gens formidables comme Azzedine Alaïa, Gianfranco Ferré, Karl Lagerfeld... Peut-être que ça deviendra un livre. Entre les deux, on va se reposer."

(M.LaRue--LPdF)