Allemagne: l'inflation atteint en mai un nouveau record, à 7,9% sur un an
L'inflation en Allemagne a encore atteint un record en mai, à 7,9% sur un an, poussée par la guerre en Ukraine, qui accroît les prix de l'énergie et de l'alimentation, mettant encore davantage la Banque centrale européenne sous pression, selon des chiffres provisoires publiés lundi.
L'indicateur a gagné 0,5 point par rapport à avril, et se hisse ainsi à son plus haut niveau depuis la Réunification du pays en 1990. Pour trouver un chiffre d'inflation aussi élevé, il faut remonter à janvier 1952, à l'époque de l'Allemagne de l'Ouest.
L'indice des prix harmonisé, qui sert de référence au niveau européen, a progressé de 8,7% sur un an, pulvérisant l'objectif de 2% à moyen terme de la Banque centrale européenne.
Ce chiffre accroît considérablement la pression sur les gardiens de l'euro, après l'annonce lundi d'une inflation de 8,7% en mai en Espagne, à une semaine d'une réunion pour décider du calendrier de resserrement monétaire.
La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a récemment annoncé vouloir augmenter les taux dès le mois de juillet, et envisage une sortie des taux négatifs "d'ici la fin du troisième trimestre".
Le chef économiste Philip Lane a lui évoqué lundi deux hausses de "25 points de base" chacune, en juillet et en septembre, pour faire face à l'explosion des prix.
Mais l'inflation allemande "alimente la discussion (...) sur une possible hausse des taux de 50 points de base" en une fois, commente Carsten Brzeski, analyste pour ING.
La flambée des prix est surtout liée à une hausse des tarifs de l'énergie causée par la guerre en Ukraine, qui ont "fortement influencé les taux d'inflation élevés", commente Destatis.
La Russie étant l'un des fournisseurs principaux en hydrocarbures de l'Union européenne, les prix de l'énergie ont connu une envolée spectaculaire ces derniers mois.
En mai, ils ont bondi de 38,3%, après 35,3% en avril et 39,5% en mars
La guerre accroît aussi le coût des denrées alimentaires : en mai, il a bondi de 11,1%, après 8,6% en avril, et 6,2% en mars.
Enfin, les pénuries de composants et matières premières qui freinent l'économie depuis la pandémie de coronavirus se sont renforcées avec les sanctions contre la Russie et des arrêts de production en Ukraine, qui fournit entre-autres le secteur automobile allemand.
Cela s'ajoute aux mesures de restrictions contre la pandémie de coronavirus en Chine perturbent également fortement les marchés internationaux.
L'industrie allemande répercute ces coûts sur les consommateurs : les prix des biens ont grimpé de 13,6%.
(H.Duplantier--LPdF)