Norwegian et Boeing enterrent la hache de guerre
La compagnie aérienne à bas coûts Norwegian Air Shuttle a dévoilé lundi une grosse commande auprès de Boeing dans le cadre d'un accord qui clôt un long différend avec l'avionneur américain et contribue à remettre en selle son modèle phare, le 737 MAX.
Selon cet accord, Norwegian, qui a échappé in extremis à la faillite l'an dernier, va commander 50 moyen-courriers 737 MAX pour remplacer les appareils de location qu'elle exploite aujourd'hui, avec une option pour 30 autres.
Cette commande s'inscrit dans "la résolution d'un différend que l'on a" avec Boeing, a expliqué le directeur général de la compagnie, Geir Karlsen, à la chaîne TV2 Nyhetskanalen.
M. Karlsen a évoqué "une compensation de 2 milliards de couronnes (197 millions d'euros, ndlr)" consentie par Boeing, "que l'on a utilisée pour acheter des avions à des conditions avantageuses".
Selon lui, le prix payé est "bien inférieur" à celui que Norwegian avait dû débourser il y a quelques années pour ses premiers 737 MAX -revendus depuis- mais aussi à celui proposé par le concurrent européen Airbus.
Norwegian et Boeing se livraient un bras de fer depuis plusieurs années, le premier réclamant au second des dédommagements pour les déboires rencontrés avec ses 737 MAX mais aussi avec ses long-courriers 787 Dreamliner.
La low cost norvégienne avait annoncé en juin 2020 avoir engagé des poursuites judiciaires contre le constructeur américain pour obtenir réparation.
En plus de permettre l'extinction de ces poursuites, le nouvel accord contribue à relancer le 737 MAX, modèle phare de Boeing, qui avait été cloué au sol pendant vingt mois à la suite de deux accidents mortels rapprochés et qui reprend graduellement du service depuis fin 2020.
Après des compagnies comme la caribéenne Arajet et l'américaine Allegiant Air, le 737 MAX a aussi trouvé preneur auprès du transporteur britannique IAG, maison mère de British Airways, qui vient de commander 50 exemplaires avec une option sur 100 autres.
- Retour à la pleine propriété -
L'accord conclu avec Norwegian reste sujet à des conditions, non précisées, que le transporteur espère voir levées d'ici à la fin juin.
Il marque pour Norwegian un retour à la possession d'appareils en propre après avoir été réduit, difficultés financières obligent, à exploiter des avions de location.
Plombée par une expansion trop ambitieuse, des problèmes techniques avec sa flotte et la pandémie de Covid-19, la compagnie avait évité de justesse la faillite l'an dernier au prix d'une vaste restructuration qui l'avait notamment conduite à renoncer à ses activités intercontinentales, à réduire sa flotte et à annuler de nombreuses commandes.
Les 50 nouveaux moyen-courriers seront livrés entre 2025 et 2028, soit à peu près au moment où les accords actuels de location d'appareils arriveront à leur terme.
Sauf mise en oeuvre des options, les capacités aériennes de Norwegian ne devraient donc pas augmenter au-delà de ce qui a déjà été annoncé.
"C'est plutôt le signe d'une compagnie aérienne qui devient plus normale, qui ne vit plus exclusivement d'avions de location mais qui possède elle-même une partie de sa flotte", a commenté l'analyste de Sydbank, Jacob Pedersen, auprès du site e24.no.
"Pour moi, cela prouve que Norwegian fait son retour en tant que compagnie aérienne", a-t-il ajouté.
La low cost, qui exploite actuellement 61 avions, prévoit de monter en cadence pour porter sa flotte à 70 appareils cet été, puis 85 au cours de l'été 2023.
Le Boeing 737 MAX 8, fait-elle valoir lundi, est "environ 14% plus économe en carburant que les avions de la génération précédente", limitant ainsi un peu le coût environnemental mais aussi la facture énergétique sur fond d'augmentation du prix du kérosène.
(L.Garnier--LPdF)