Après la fronde, Boris Johnson promet des mesures face au coût de la vie
Trois jours après avoir survécu à un vote de défiance mené par son propre camp, le Premier ministre britannique Boris Johnson veut faire oublier la fronde et les scandales en promettant jeudi des réformes en réponse à la crise liée à la hausse du coût de la vie.
Fragilisé par ce vote qui a vu lundi plus de 40% de sa majorité tenter de l'évincer, le chef du gouvernement conservateur espère tourner la page du "partygate" et se maintenir, affirmant vouloir se concentrer sur les priorités des Britanniques, étranglés par une inflation au plus haut depuis quarante ans.
"Au cours des prochaines semaines, le gouvernement va mettre en place des réformes pour aider les gens à limiter les coûts dans tous les domaines de dépenses domestiques, de l'alimentation à l'énergie, à l'enfance, aux transports et au logement", doit assurer M. Johnson dans un discours depuis le Lancashire (nord-ouest de l'Angleterre), dont des extraits ont été communiqués à l'avance.
Avec ces réformes, "nous protègerons les foyers, stimulerons la productivité et surtout augmenterons la croissance au Royaume-Uni", doit-il dire.
Selon un communiqué de Downing Street, M. Johnson devrait notamment annoncer de nouvelles aides destinées à inciter les Britanniques à devenir propriétaires, sujet à même de séduire l'électorat traditionnel conservateur.
Le Premier ministre a déjà exprimé son intention d'étendre la possibilité --mise en place sous Margaret Thatcher-- donnée aux locataires de logements sociaux d'en devenir propriétaires.
Les journaux britanniques se focalisaient jeudi sur la hausse des prix --et sur l'engagement du gouvernement de l'endiguer-- avec les quotidiens The Guardian, Daily Telegraph et Daily Mirror faisant chacun leur une sur le bond du prix des carburants.
Le conservateur Daily Mail a salué le projet de Downing Street, estimant qu'un "Boris Johnson ragaillardi va réduire les factures tous azimuts grâce à son initiative la plus radicale à ce jour pour atténuer la crise du coût de la vie".
- Autorité fragilisée -
Ce discours intervient moins de deux semaines après l'annonce d'un plan de 15 milliards de livres (17 milliards d'euros) d'aide aux ménages, alors que l'inflation atteint désormais 9%, les prix des carburants à la pompe et alimentaires flambent et les factures d'énergie vont subir une nouvelle hausse massive à l'automne.
Avec ces nouvelles annonces, le Premier ministre, devenu très impopulaire deux ans et demi après son triomphe électoral, veut tourner la page après le vote de défiance qui l'a visé en raison du "partygate", ces fêtes à Downing Street pendant les confinements anti-Covid qui lui ont valu une amende --une première pour un Premier ministre en exercice au Royaume-Uni.
Mercredi, alors qu'il affrontait les députés pour la première fois depuis le vote, le dirigeant conservateur a semblé réussir --au moins temporairement-- à rallier ses troupes face aux attaques de l'opposition travailliste.
"Nous avons le taux de chômage le plus faible depuis 1974 et nous allons continuer à faire croître notre économie à long terme", a lancé Boris Johnson.
Mais même s'il ne peut pas être visé par une autre motion de défiance pendant un an, il voit son autorité mise à mal par l'ampleur de la fronde. Il a désormais pour délicate mission de séduire de nouveau ses troupes et son électorat.
Rassembler son parti, divisé, s'annonce difficile. Le risque est fort de voir les députés mécontents faire de l'obstruction à l'action future du gouvernement.
D'autant que s'il a réussi mercredi à échapper à des attaques intestines de la part des bancs conservateurs, Boris Johnson n'en a pas terminé avec les répercussions du "partygate".
Après celles de la police et de la haute-fonctionnaire Sue Gray, une autre enquête, cette fois parlementaire, est prévue. Si cette dernière conclut, a priori à l'automne, qu'il a trompé la Chambre des Communes en affirmant ne pas avoir enfreint les règles, il est censé démissionner.
Deux élections partielles le 23 juin auront aussi valeur de test pour le dirigeant conservateur qui écarte l'hypothèse de législatives anticipées, les élections devant avoir lieu en 2024.
Certains députés tories comme Tobias Ellwood ne lui donnent que "quelques mois". Plusieurs noms de possibles candidats à sa succession circulent mais aucun ne se dégage vraiment, de quoi faire hésiter certains élus tentés d'évincer le chef du gouvernement.
(O.Agard--LPdF)