Wall Street clôt en forte baisse après la BCE et avant l'inflation américaine
La Bourse de New York a conclu en forte baisse jeudi plombée par les décisions de resserrement monétaire de la BCE mais aussi par la crainte de l'annonce vendredi d'une inflation américaine restée tenace en mai.
L'indice Dow Jones, qui a affiché sa pire séance depuis mi-mai, a terminé en chute de 1,94% à 32.272,79 points. Le Nasdaq, à forte coloration technologique, a plongé de 2,75% à 11.754,23 points et le S&P 500 de 2,38% à 4.017,82 points, selon des résultats provisoires à la clôture.
Les rendements sur les bons du Trésor à 10 ans, qui évoluent en sens inverse de leur prix, sont restés tendus, au-dessus de 3,04%.
"Principalement, on assiste à un prélude des données de l'inflation pour vendredi ce qui rend vraiment le marché nerveux", a indiqué Peter Cardillo de Spartan Capital Securities.
Les analystes s'attendent à un indice CPI des prix à la consommation encore vigoureux pour le mois dernier aux Etats-Unis avec une hausse de 0,7% sur le mois (après +0,3% en mars) et de 8,3% sur douze mois.
"Ce rapport pourrait avoir des implications sur la décision de la Réserve fédérale américaine la semaine prochaine", s'inquiétaient les analystes de Wells Fargo alors que la Fed tient sa réunion monétaire mardi et mercredi prochains et devrait relever les taux directeurs à nouveau de 50 points de base, selon les attentes des marchés.
"L'autre facteur de nervosité vient de la Banque centrale européenne (BCE) qui compte relever les taux d'un quart de point en juillet, arrêter ses achats d'actifs et probablement opérer à une nouvelle hausse de 50 points de base en septembre", a souligné M. Cardillo.
En outre les nouvelles prévisions économiques de la BCE montrent que l'inflation va grimper à 6,8% cette année tandis que le PIB de la zone euro risque de ne progresser que de 2,8% en 2022, un profil de courbes qui ressemble à de la stagflation.
"En résumé, le marché se focalise sur la lutte des banques centrales contre l'inflation", a conclu l'analyste de Spartan Capital. Une préoccupation dont les experts de Schwab se faisaient l'écho: "la hausse persistante des prix et la décision des banques centrales à l'échelle mondiale de resserrer leur politique monétaire alimentent les craintes de récession".
Les indices de Wall Street qui avaient démarré légèrement dans le rouge ont flanché progressivement au cours de la séance avant d'accélérer leur chute à la clôture, ces mouvements étant amplifiés par le peu de volume de transaction.
Tous les secteurs du S&P ont plongé dans le rouge, des services de communications (-2,75%) aux produits de consommation (-1,50%) en passant par l'immobilier (-2,29%) et les banques (-2,61%).
A la cote, les grands noms de la tech, des actions dites de croissance sensibles à la hausse des taux, ont sévèrement reculé comme Apple (-3,60%), Amazon (-4,15%) ou Netflix (-4,96%).
Les fabricants de micro-processeurs, qui avaient connu une séance en hausse la veille, ont largement perdu du terrain comme AMD (-3%) ou Nvidia (-3,22%).
La chaîne de grands magasins Target, qui a tiré le signal d'alarme cette semaine sur la demande des consommateurs, a encore reculé (-1,37%) malgré l'annonce d'une hausse de son dividende.
Five Below, une chaîne d'articles à bas prix, a également perdu 1,37% à la suite d'une réduction drastique de ses prévisions de ventes et de résultats pour l'ensemble de l'année.
Le titre des laboratoires Novavax, dont les autorités sanitaires américaines ont pourtant recommandé en début de semaine un feu vert pour le vaccin contre le coronavirus, a fondu de 17,22% à 41,48 dollars. L'autorité sanitaire FDA a indiqué jeudi que la décision était retardée pour inspecter des changements dans le processus de fabrication.
Tesla a lâché 0,89% en fin de séance à 719,12 dollars, après avoir été en hausse de presque 4% en journée.
Skillsoft, une entreprise qui fait de la formation au numérique, s'est écroulée de 19,24% alors que ses ventes trimestrielles en repli ont fortement déçu Wall Street.
(M.LaRue--LPdF)