Wall Street a cherché une direction avant la Fed
La Bourse de New York a manqué de direction mardi, terminant en ordre dispersé au premier jour d'une réunion cruciale de la Banque centrale américaine (Fed) qui promet un brutal tour de vis monétaire supplémentaire pour dompter l'inflation.
Selon des résultats définitifs à la clôture, l'indice Dow Jones a lâché 0,50% à 30.364,83 points et le S&P 500 0,38% à 3.735,48 points, les deux indices accusant leur cinquième séance de perte d'affilée. Le Nasdaq, à dominante technologique, s'est un peu repris après la sévère chute de la veille, grappillant 0,18% à 10.828,35 points.
"Il semble qu'on va avoir une hausse des taux directeurs de 75 points de base", a affirmé Quincy Krosby, analyste pour LPL Financial, soulignant que la veille, à la faveur de gros titres dans le Wall Street Journal, les marchés ont pris en compte cette possibilité en faisant sévèrement chuter les actions.
"Depuis, nous n'avons vu aucun signe que la Fed veuille clarifier cette hypothèse d'une hausse plus forte", a souligné l'analyste.
"En fait si la Fed s'en tient à un relèvement d'un demi-point de pourcentage", comme s'y attendaient jusqu'ici les investisseurs et comme l'avait télégraphié Jerome Powell le patron de la Fed, "le marché risque d'être déçu", a-t-elle relevé.
C'est la vigueur de l'inflation américaine (8,6% sur un an et 1% sur le mois de mai) publiée vendredi, doublée d'un baromètre de confiance des consommateurs très déprimé, qui ont changé la donne.
"L'inflation a renforcé les attentes d'une Fed encore plus agressive, ce qui alimente les craintes de récession", ont aussi résumé les analystes de Schwab.
Les rendements des emprunts d'Etat américains à 10 ans, qui évoluent en sens opposé de leur prix, sont remontés à un nouveau plus haut depuis 2011 à 3,47%.
Le dollar a encore flambé face aux principales devises atteignant un sommet depuis plus de 19 ans, galvanisé par la perspective d'un vif relèvement du coût du crédit. Et un dollar cher affecte de plus en plus les profits des entreprises américaines.
Le Comité monétaire de la Fed doit rendre sa décision mercredi à 18H00 GMT, une décision qui sera suivie par une conférence de presse très attendue de Jerome Powell.
"La grande question maintenant, c'est comment ce resserrement monétaire va-t-il affecter l'économie? Et jusqu'où le marché va-t-il aller pour toucher le fond?" remarquait Quincy Krosby alors que le S&P 500, indice le plus représentatif du marché américain, est tombé depuis lundi en zone de "bear market" ou marché baissier, synonyme d'une perte de plus 20% depuis son dernier pic.
Si la Fed peut influencer la demande, en augmentant le coût de l'argent, elle n'a pas le contrôle de l'offre, actuellement affectée par les goulots d'étranglement de la chaîne d'approvisionnement.
"On est notamment déçus de voir que la Chine risque de poursuivre les confinements à Shanghai", ce qui va encore affecter la production et les livraisons de produits, soulignait la spécialiste de LPL Financial.
Parmi les onze secteurs du S&P, seules l'énergie (+0,07%) et les technologies de l'information (+0,62%) sont parvenues à garder la tête hors de l'eau. Les titres d'entreprises d'utilités publiques (-2,58%), de consommation (-1,29%) et d'immobilier (-1,06%) ont tiré la baisse.
A la cote, les titres du groupe de logiciels Oracle ont gagné 10,41% à 70,72 dollars, après un résultat trimestriel meilleur qu'attendu.
La plateforme de cryptomonnaies Coinbase, qui avait chuté de plus de 11% lundi dans le sillage de la débandade des monnaies virtuelles, a minimisé ses pertes à la clôture à -0,83% alors qu'elle a annoncé mardi la suppression de 18% de ses effectifs.
La compagnie d'exploration pétrolière Continental Ressources, basée dans l'Oklahoma, a grimpé de 15%. Le magnat du gaz de schiste Harold Hamm, déjà actionnaire largement majoritaire, a fait une offre sur le reste du capital de la compagnie pour 4,3 milliards de dollars, ce qui valorise l'ensemble à plus de 25 milliards.
Le transporteur express FedEx a gagné 14,41% à 229,95 dollars après avoir annoncé une forte hausse de son dividende.
(F.Bonnet--LPdF)