Nordahl Lelandais reconnaît avoir tué "volontairement" Maëlys
Nordahl Lelandais a reconnu vendredi lors de son procès pour le meurtre de la petite Maëlys avoir enlevé et tué "volontairement" la fillette, ce qu'il niait jusqu'à présent.
"Je reconnais l'intégralité des faits qui me sont reprochés", a-t-il déclaré, sur questionnement de son avocat Me Alain Jakubowicz, après plus de cinq heures d'interrogatoire, devant les assises de Grenoble.
L'ex-militaire de 38 ans est jugé depuis le 31 janvier pour le meurtre de l'enfant précédé d'enlèvement et de séquestration fin août 2017, ainsi que pour des agressions sexuelles contre deux petites-cousines âgées de 4 et 6 ans au cours du même été.
"Il ne s'agit plus d'ergoter mais de prendre conscience de la gravité des faits que tu as commis. S'agissant de Maëlys, on ne va pas tourner autour du pot", assène Me Jakubowicz à la fin de l'interrogatoire.
- "On peut oublier le mot d'accident ?"
- "Est-ce que tu reconnais que faire monter une petite fille à 3h du matin dans ta voiture le soir d'un mariage, c'est un enlèvement ?"
- "Oui, maître".
Jusqu'ici, Nordahl Lelandais affirmait avoir tué l'enfant de manière involontaire et qu'elle était montée de son plein gré dans sa voiture.
Il l'a répété encore en préambule de ce long interrogatoire sur les faits, venu clore la deuxième semaine de son procès, insistant sur le fait qu'il n'avait "aucune intention de (lui) donner la mort".
"Si vous me demandez si Nordahl Lelandais a avancé, a fait un pas vers les parties civiles, la réponse c'est non, très clairement", a réagi peu après l'avocat de la mère de Maëlys, Me Fabien Rajon, affirmant que les parties civiles avaient "été outrées par (ses) déclarations".
L'accusé a en revanché encore nié tout mobile pédophile à l'égard de la fillette. La qualification de viol n'avait pas été retenue pour le procès faute d'élément matériel.
Debout dans le box en chemise claire, Nordahl Lelandais avait au préalable longuement raconté sa version des faits, souvent les larmes aux yeux, reconnaissant avoir très souvent menti aux enquêteurs.
"Quoi que je dise, je ne vais pas être cru", s'est-il désolé à plusieurs reprises, tout en assurant dire "la vérité aujourd'hui".
- "C'est très compliqué" -
Puis, la présidente Valérie Blain l'a bombardé de questions pendant près de trois heures tandis que lui multipliait les dérobades du type "Je ne sais pas (...) C'est très compliqué".
Selon Lelandais, l'enfant âgée de huit ans, rencontrée à une fête de mariage à Pont-de-Beauvoisin (Isère), a eu quelques brèves interactions avec lui au cours de la soirée à propos de chiens, puis l'a rejoint de son plein gré sur le parking alors qu'il s'apprêtait à partir en voiture pour chercher de la cocaïne.
"Et bêtement, je lui dis +monte+ et elle ouvre la porte". "Je n'avais aucune mauvaise intention", relate-t-il. "Je me dis que ça lui fera plaisir de voir mes chiens", relate-t-il pour expliquer la présence à son bord de cette fillette qu'il ne connaissait pas quelques heures plus tôt.
"Là sur le trajet, ça ne se passe pas du tout comme ça aurait dû se passer malheureusement", poursuit-il. "Elle s'est mise à hoqueter".
Nordahl Lelandais dit avoir alors ressenti la même "peur" que la nuit d'avril 2017 au cours de laquelle il avait donné la mort au jeune caporal Arthur Noyer.
"J'avais déjà tué un homme, c'est quelque chose que j'avais en tête constamment et j'ai tourné la tête et eu une impression complètement folle", dit-il. "Je ne sais pas si je peux parler du mot d'hallucination". Il se tourne vers elle et lui porte "trois coups".
Ayant tenté en vain de prendre le pouls de la fillette inanimée, il finit par la déposer dans un premier lieu près d'une voie ferrée avant de rentrer chez lui pour se changer et de retourner au mariage pour avoir "une forme d'alibi". Il transportera plus tard le corps dans une forêt.
"De la honte, des remords, de la culpabilité, j'en aurai toute ma vie, lâche-t-il, présentant une nouvelle fois ses "excuses" à la famille.
"On aimerait que je dise que c'est un crime sexuel mais pas du tout", a-t-il encore ajouté. "Je n'étais pas du tout dans cette optique sexuelle, loin de là".
Déjà condamné à Chambéry en mai 2021 à 20 ans de réclusion pour le meurtre d'Arthur Noyer, l'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de Maëlys.
La troisième et dernière semaine du procès doit démarrer lundi à 9h avec le rapport des experts-psychologues. Le verdict est attendu vendredi prochain.
(M.LaRue--LPdF)