Attentat islamiste d'Arras: la France en alerte, le gouvernement affiche sa "fermeté"
La France se trouve samedi soir en alerte maximale, au lendemain de l'assassinat de Dominique Bernard, professeur de français poignardé à mort par un ancien élève fiché S devant un collège-lycée d'Arras, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin affichant sa "fermeté" face aux étrangers radicalisés, dont il demande l'expulsion systématique.
Cet attentat islamiste, qui a également fait trois blessés, a provoqué une onde de choc, en particulier dans le monde enseignant, dans un contexte marqué par les craintes d'importation en France du conflit au Proche-Orient.
"Une atmosphère de jihadisme, de passage à l'acte est évidente depuis samedi dernier", date de l'attaque d'Israël par le Hamas, a affirmé Gérald Darmanin, recensant depuis 189 actes antisémites sur le territoire, qui ont donné lieu à 65 interpellations, dont 23 étrangers.
La France est passée dès vendredi soir en alerte "urgence attentat", niveau le plus élevé du dispositif Vigipirate, après l'attaque d'Arras, qualifiée par le président Macron de "terrorisme islamiste". Jusqu'à 7.000 soldats seront déployés d'ici lundi sur le territoire.
La crainte d'un nouvel attentat a entraîné samedi l'évacuation du musée du Louvre, puis du château de Versailles, mais il n'y avait finalement "pas de menace réelle", selon Gérald Darmanin.
- "Faille" -
Dominique Bernard a été poignardé à mort vendredi en fin de matinée par un jeune homme fiché S, qui a été arrêté, devant le collège-lycée Gambetta, dans le centre-ville d'Arras (Pas-de-Calais), presque trois ans jour pour jour après l'assassinat d'un autre enseignant, Samuel Paty, décapité le 16 octobre 2020 pour avoir montré des caricatures de Mahomet en classe.
Depuis son arrestation, l'assaillant, de nationalité russe et qui aurait crié +Allah Akbar+ selon plusieurs témoins, "ne s'est pas expliqué", a indiqué à l'AFP une source policière.
Dix autres personnes dont plusieurs membres de sa famille étaient en garde à vue samedi après-midi, a indiqué une source policière.
Il existe selon Gérald Darmanin un "lien" entre la situation au Proche-Orient et "le passage à l'acte" de cet homme, Mohammed Mogouchkov, fiché S, âgé d'une vingtaine d'années.
Cet ancien élève de l'établissement était suivi depuis peu par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), en raison, selon le ministre, des liens avec son père, fiché S et expulsé en 2018, et son frère, emprisonné pour sa participation à un attentat visant l'Elysée.
Il avait été interpellé jeudi par la DGSI "pour vérifier s'il n'avait pas d'arme" et contrôler son téléphone, a précisé M. Darmanin, excluant une "faille des services de renseignements".
Arrivé en France en 2008 selon une source policière, il est né d'après l'administration française dans la république russe à majorité musulmane d'Ingouchie. Il ne pouvait légalement pas être expulsé, étant entré en France avant l'âge de 13 ans, a souligné samedi Gérald Darmanin.
- Minute de silence -
La victime, Dominique Bernard, professeur au collège, a été tuée vers 11H00 vendredi devant l'établissement où un autre enseignant, un agent technique et un agent d'entretien ont été blessés.
Aucune cérémonie ne sera organisée à Berneville (Pas-de-Calais), où il habitait, mais un livre de condoléances sera installé à la mairie, a annoncé le maire à l'AFP.
Une minute de silence sera respectée dans les établissements scolaires de France lundi à 14H00 en hommage aux victimes d'attentats contre l'école, a annoncé le ministre de l'Education, Gabriel Attal.
La journée dans les collèges et les lycées ne débutera qu'à 10H00 lundi, pour permettre aux enseignants et au personnel de se retrouver à 08H00 et "préparer la reprise des cours", a-t-il ajouté.
"Je veux le dire à tous les enseignants: nous serons au rendez-vous pour assurer votre sécurité", a assuré samedi la Première ministre Elisabeth Borne. "Nous ne céderons rien à la violence", a-t-elle ajouté.
Des CRS patrouillaient samedi devant la cité scolaire Gambetta d'Arras, où une cellule psychologique avait été mise en place.
"C'est mieux de laisser le lycée ouvert, que tout le monde puisse venir, parler, pour faire son deuil", a estimé Camille, 17 ans, témoin de l'attaque.
L'attentat met le gouvernement sous pression, la droite exhortant à instaurer "l'État d'urgence", tandis que l'extrême droite pointe des "failles".
Depuis l'attaque de Charlie Hebdo en janvier 2015 (12 victimes) une vague d'attentats jihadistes a fait plus de 260 morts en France. Selon Gérald Darmanin, 43 projets d'attentats islamistes en France ont été déjoués depuis 2017.
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(A.Monet--LPdF)