Pas de miracle à espérer sur les exemptions européennes, prédit un sénateur américain
Présentée comme une célébration de la relation "profonde" entre deux alliés, la visite d'Etat d'Emmanuel Macron aux Etats-Unis ne produira probablement pas de miracle pour les industriels européens, pénalisés par une loi américaine sur le climat, explique à l'AFP Chris Coons, un influent sénateur proche de Joe Biden.
Question: le président français Emmanuel Macron espère obtenir des exemptions pour les industriels européens, pénalisés par le "Inflation Reduction Act", la grande loi de Joe Biden sur le climat qui donne une préférence aux constructeurs automobiles américains. Cela vous semble-t-il probable?
Réponse: "Je pense que cela va être une conversation importante, mais difficile", affirme le sénateur démocrate, co-président du groupe parlementaire d'amitié avec la France.
"Nous avons adopté, dans le cadre du Inflation Reduction Act, le plus grand investissement dans la transition vers l'énergie propre de l'histoire des Etats-Unis."
"Il a été adopté avec 50 voix (sur 100), donc ça a été très très serré. Et cette clause spécifique, sur la fabrication de véhicules électriques en Amérique du Nord, était très chère à un sénateur de Virginie-Occidentale", déclare-t-il, en référence à l'élu Joe Manchin, dont le vote est crucial en raison de la majorité ténue de Joe Biden au Sénat.
Ce sénateur a déjà été le fossoyeur de plusieurs grands chantiers du président démocrate.
Q: les Français peuvent-ils toutefois espérer des avancées sur ce dossier?
R: "Ce sera une négociation délicate", prédit le sénateur du Delaware, dont l'Etat bénéficie "énormément" des investissements de grands groupes français, comme Dassault ou Air Liquide.
"Nous espérons que nous parviendrons à une solution où nous augmenterons les transferts de technologie et les investissements directs à étrangers par les Etats-Unis et les entreprises américains en France et par les entreprises françaises aux Etats-Unis", indique-t-il.
Le sénateur dit s'attendre à ce que ce sujet "soit à l'ordre du jour" des conversations entre Emmanuel Macron et Joe Biden.
Q: Pour mettre un terme au conflit en Ukraine, les Etats-Unis commencent-ils à se faire à l'idée d'une solution négociée?
"Non", balaye l'élu, membre de la commission des Affaires étrangères du Sénat américain, estimant qu'il revient uniquement à l'Ukraine de prendre cette décision.
La volonté d'Emmanuel Macron de conserver un canal de communication ouvert avec M. Poutine a ces derniers mois agacé la Maison Blanche
"Les Ukrainiens ont mérité le droit de déterminer la trajectoire de cette guerre", insiste-t-il.
"Je pense qu'il est important que le président Zelensky ait récemment indiqué qu'il était ouvert à la négociation", fait toutefois savoir le sénateur.
"Si nous devions faire pression sur Zelensky pour qu'il cède du territoire, je ne vois pas comment cela dissuaderait Poutine, rendrait l'Ukraine plus sûre, ou produirait un résultat stable", juge-t-il.
(F.Bonnet--LPdF)