Deux-Sèvres: le remplissage d'une "bassine" jugé "catastrophique" par les opposants
Le remplissage d'une retenue d'eau destinée à l'irrigation agricole dans les Deux-Sèvres, la première d'un vaste projet dans le Marais poitevin, est "catastrophique pour la sauvegarde des rivières et des nappes phréatiques", ont affirmé mercredi des opposants.
Le remplissage de la réserve de Mauzé-sur-le-Mignon, la seule déjà construite, intervient alors que "les nappes sont au plus bas", a dénoncé Julien Le Guet, porte-parole du collectif "Bassines non merci", qui avait convié la presse à "constater que le Mignon, la rivière située en contrebas, ne coule pas".
Élaboré par un groupement de 400 agriculteurs avec le soutien de l'Etat, ce projet de 16 retenues vise à stocker plusieurs centaines de milliers de m3 d'eau pour l'irrigation durant l'été, grâce au pompage des nappes phréatiques superficielles en hiver, lorsque la ressource est abondante.
Le remplissage de cette réserve a démarré à la mi-décembre, après que le niveau réglementaire de la nappe phréatique fut atteint quelques jours auparavant, ont indiqué la préfecture des Deux-Sèvres et la Coop' de l'eau, porteuse du projet.
Ce seuil, fixé par arrêté préfectoral et prévu dans un protocole signé fin 2018, est jugé trop bas par des associations environnementales et les opposants au projet qui dénoncent "une gestion catastrophique pour la sauvegarde des rivières et des nappes phréatiques".
Pour Nature Environnement 17, qui réclame l'arrêt des prélèvements, "le niveau de la nappe baisse" depuis le redémarrage des pompages et la situation est "très défavorable pour les milieux naturels".
Mais pour la préfecture du département, d'après une étude d'impact scientifique menée pour le projet, "les seuils fixés pour le remplissage permettent de ne pas avoir d'effet sur l'environnement et les milieux aquatiques".
La visite sur place, le 14 décembre, d'un inspecteur de l'environnement assermenté "a permis de constater que le Mignon n'était pas à sec (...) avec des écoulements visibles", a ajouté la préfecture.
Fin octobre, plusieurs milliers de personnes avaient manifesté à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) contre la construction d'une deuxième réserve dans le cadre de ce projet, considéré par ses détracteurs comme un "accaparement de l'eau" destiné à l'"agro-industrie".
Ses promoteurs y voient à l'inverse "un accélérateur de transition", les agriculteurs bénéficiaires des réserves s'étant engagés à adopter des pratiques tournées vers l'agro-écologie.
(R.Dupont--LPdF)