Au Pantanal, une pompière endeuillée lutte contre les flammes
En 2020, Débora dos Santos Avila a perdu son bébé, tombé malade à cause de la fumée des pires incendies de l'histoire du Pantanal brésilien.
Quatre ans plus tard, cette pompière volontaire de 42 ans est en première ligne de la lutte contre les flammes qui ravagent la plus grande zone humide de la planète, située au sud de l'Amazonie.
"D'abord je n'aimais pas les pompiers. Je leur en voulais pour ce qui est arrivé à mon fils, j'avais besoin de rejeter la faute sur quelqu'un", raconte-t-elle.
"Mais après, je suis allé les voir pour savoir comment ils travaillaient, et cela fait deux ans que je suis pompière volontaire", mobilisée et rémunérée durant la période la plus critique des incendies.
Son fils avait cinq mois quand il est décédé après avoir inhalé de la fumée durant les incendies de 2020, qui avaient dévasté 30% de la surface du Pantanal, sanctuaire de biodiversité reconnu comme Patrimoine naturel de l'humanité par l'Unesco.
"Beaucoup d'enfants souffrent de la fumée, et je veux faire tout ce qui est à ma portée pour atténuer ce problème", confie cette femme qui travaille comme cuisinière dans une ONG quand elle n'est pas mobilisée pour combattre les flammes.
Cette année, la situation est particulièrement préoccupante: les incendies de grande envergure, qui ont lieu habituellement au second semestre, ont débuté plus tôt, en raison d'une sécheresse exceptionnelle.
Plus de 3.400 départs de feu ont été identifiés depuis le début d'année, pulvérisant le record de quelque 2.500 foyers recensés au premier semestre 2020.
"L'an dernier, à cette époque de l'année, nous faisions de la prévention dans les écoles, nous n'étions pas encore mobilisés pour le combat direct" face aux flammes comme c'est le cas actuellement, raconte-t-elle.
- Seule femme au front -
Débora dos Santos Avila est la seule femme du groupe de 45 pompiers volontaires du Centre national de prévention et de combat contre les feux de forêt (Prevfogo) à Corumba, sa ville natale, connue comme la capitale du Pantanal.
"Mes collègues ne font aucune différence. Face aux flammes, on est tous égaux", assure la pompière, qui a suivi une formation de six mois pour apprendre à combattre les incendies.
Un casque jaune vissé sur le front, munie de lunettes de protection et revêtant un uniforme résistant au feu qui la couvre de la tête aux pieds, elle se fraie un chemin à la machette dans la brousse vers un incendie dantesque qui s'étend sur plus de 7 kilomètres.
Une fois arrivée à proximité, elle manie un souffleur à feuilles pour disperser la matière organique en décomposition qui contribue à la propagation des flammes.
Le risque est permanent: la chaleur est à la limite du supportable et les rafales de vent peuvent faire changer le feu de direction à tout moment.
Son équipe parvient finalement à contrôler l'incendie grâce à l'appui d'avions bombardiers d'eau qui déversent des centaines de litres sur les flammes.
Mais le travail des pompiers n'est pas fini: il faut ensuite retourner le terrain avec des bêches pour s'assurer qu'il ne subsiste pas de braises sous le sol.
Un combat sans relâche tout au long de journées exténuantes débutant souvent tôt le matin pour se terminer tard le soir.
Une centaine de pompiers venus d'autres régions du Brésil doivent arriver en renfort jeudi, selon Marcio Yule, coordinateur du programme Prevfogo dans l'Etat du Mato Grosso do Sul, qui a décrété l'état d'urgence en début de semaine.
Le gouvernement fédéral a également annoncé que des militaires seraient déployés sur place.
(R.Dupont--LPdF)