Londres va nommer un superviseur pour Thames Water
Le régulateur britannique Ofwat a indiqué mercredi qu'il comptait nommer un superviseur indépendant pour Thames Water afin de surveiller l'avancement du plan de redressement de la plus grosse compagnie de distribution d'eau du Royaume-Uni, en difficulté financière.
Ce superviseur opèrera sous la direction du gendarme du secteur de la distribution d'eau, auquel il devra faire part de ses conclusions, et aura accès aux informations financières de Thames Water, explique un communiqué d'Ofwat mercredi.
Cette nomination s'inscrit dans une série de demandes d'Ofwat à la compagnie de distribution d'eau pour qu'elle puisse garder son permis d'activité dans la foulée de la dégradation de ses notes de crédit par deux agences de notations, précise le régulateur.
Thames Water va aussi devoir fournir un "plan opérationnel de redressement", "prendre les mesures nécessaires pour pouvoir lever des fonds" et nommer des administrateurs qui ne sont pas impliqués dans la direction du groupe au sein de son conseil d'administration.
Mardi, Ofwat a dit envisager une amende record de 104 millions de livres contre Thames Water pour avoir pollué les cours d'eau et le littoral britanniques avec des rejets massifs d'eaux usées.
Ofwat prévoit de sanctionner deux autres distributeurs régionaux plus petits pour une pénalité combinée de 168 millions de livres, un montant record, qui doit encore faire l'objet de consultations jusqu'au 10 septembre.
Thames Water est la plus grande compagnie d'eau du Royaume-Uni, desservant 15 millions de clients à Londres et dans la vallée de la Tamise.
Elle est détenue par un consortium d'actionnaires dont les fonds de pension canadien Ontario Municipal Employees Retirement System et britannique Universities Superannuation Scheme.
La situation précaire du groupe alimente depuis des mois les spéculations sur la nécessité d'un potentiel très coûteux plan de sauvetage public si l'entreprise ne parvient pas à trouver les financements privés dont elle a besoin.
Tandis que les critiques accusent aussi les actionnaires successifs chez Thames Water d'avoir utilisé l'endettement pour se verser de généreux dividendes, l'entreprise avait annoncé en juillet que sa dette s'était encore creusée, à 15,2 milliards de livres à fin mars.
L'autorité britannique de l'eau avait dans la foulée annoncé placer l'entreprise sous surveillance, rejetant aussi la proposition de Thames Water d'augmenter ses tarifs de 44% sur cinq ans, tandis que le gouvernement travailliste promettait de réformer le secteur.
Ce dernier est en crise en raison de sous-investissements dans un système d’égouts qui date largement de l'époque victorienne. Des valves de débordements sont prévues pour un déversement d'urgence dans la mer et les cours d'eau lors d'orages mais ont été de fait utilisées largement au-delà de leur vocation première, provoquant une vaste pollution.
(L.Chastain--LPdF)