Mayotte dévasté par un cyclone "exceptionnel", au moins deux morts
Au moins deux morts, des dégâts "énormes": le cyclone tropical "exceptionnel" Chido a semé la désolation samedi à Mayotte, département le plus pauvre de France, dans l'océan Indien.
A Kawéni, un quartier situé sur la commune de la "capitale" mahoraise Mamoudzou, "tout a été emporté, tout a été rasé", s'est désolée auprès de l'AFP Mounira, une habitante du plus grand bidonville français, dont la maison a été détruite.
Deux personnes sont décédées dans le secteur de Petite-Terre, la petite île de l'archipel où se situe l'aéroport de Pamandzi, à l'est de Mamoudzou, a appris l'AFP de source sécuritaire.
Fermé jusqu'à nouvel ordre, l'aéroport, où des rafales ont atteint 226 km/h selon Météo-France, a "subi de gros dégâts, notamment la tour de contrôle", a indiqué sur X le ministre démissionnaire des Transports François Durovray.
"Le trafic sera dans un premier temps rétabli avec des avions militaires de secours. Des navires sont engagés pour assurer le ravitaillement", a-t-il ajouté.
La ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, a indiqué sur le même réseau social que "le système de santé est gravement touché et l'accès aux soins fortement dégradé", ajoutant que "le centre hospitalier de Mayotte a subi d'importants dégâts matériels".
Alors que plus de 15.000 foyers sont privés d'électricité, d'après la ministre de la Transition écologique démissionnaire Agnès Pannier-Runacher, le ministère de l'Industrie signale des "problèmes de communication" qui limitent drastiquement les appels d'urgence.
Le Secours populaire a de son côté lancé un appel aux dons pour venir en aide à Mayotte, où plus de trois quarts des quelque 320.000 habitants vivent sous le seuil de pauvreté national.
Un avion A400M devait décoller samedi soir de métropole avec du fret humanitaire et des moyens de sécurité civile, accompagnés d'une frégate et d'un hélicoptère.
"Beaucoup d'entre nous avons tout perdu", a déploré le préfet du 101e département français, François-Xavier Bieuville, faisant état du "cyclone le plus violent et destructeur que nous ayons connu depuis 1934".
Selon les explications à l'AFP de François Gourand, prévisionniste à Météo-France, le cyclone Chido est "exceptionnel" car il a directement frappé l'archipel, tandis que sa puissance a été dopée par des eaux particulièrement chaudes dans l'océan Indien liées au changement climatique.
La situation fait craindre de sévères difficultés d'approvisionnement en eau dans un archipel déjà soumis à des coupures d'eau.
Le nouveau Premier ministre François Bayrou participait en soirée à une réunion de crise place Beauvau, entouré de nombreux ministres démissionnaires.
Le niveau d'alerte a été abaissé de violet à rouge pour laisser sortir les secours, mais le préfet a appelé les quelque 320.000 habitants de Mayotte à rester "confinés" et "solidaires" dans "cette épreuve". Les communications avec le territoire restent très difficiles.
Ibrahim Mcolo, un habitant de Chiconi dans l'ouest de Grande-Terre, était allé se réfugier dans la maison en béton de sa famille à Kangani, dans le nord de la Grande-Terre.
"Je vois toutes les tôles des voisins s'envoler, des câbles arrachés, le bananier du voisin à terre. Même dans notre maison qui est bien protégée, l'eau rentre. Je la sens trembler", a-t-il décrit à l'AFP dans la matinée.
- "L'heure est à l'urgence" -
"L'heure est à l'urgence", a déclaré sur X le président Emmanuel Macron, assurant que "tout le pays" était aux côtés des Mahorais. Le ministre de l'Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau a annoncé un nouvel envoi dimanche de 140 militaires de la sécurité civile et sapeurs-pompiers, portant à 250 les personnels dépêchés sur place.
Les services techniques s'activaient dans l'après-midi pour déblayer les routes et laisser passer les secours. Quelque 1.600 policiers et gendarmes sont déployés pour porter secours à la population et "prévenir d'éventuels pillages", a-t-on appris dans l'entourage de Bruno Retailleau.
Environ 100.000 personnes logeant dans des "habitations non solides", notamment dans des cases en tôle, avaient été identifiées dans l'archipel par les autorités pour être mises à l'abri dans plus de 70 centres d'hébergement d'urgence.
L'oeil du cyclone tropical intense s'est éloigné vers l'ouest et les conditions météorologiques se sont "améliorées rapidement" en fin d'après-midi sur l'archipel, selon les services météorologiques. Chido devait rester néanmoins un cyclone "extrêmement dangereux" durant de longues heures, et menace désormais les côtes du Mozambique sur le continent africain.
Deux des îles des Comores, Anjouan - la plus proche de Mayotte - et Mohéli, ont elles aussi été touchées, mais beaucoup moins durement. Des mosquées ont été inondées, des kwasa (embarcations) emportées par les vagues et des habitations endommagées, a rapporté le commandant Abderemane Mahmoud, de la Sécurité civile comorienne.
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(L.Garnier--LPdF)