Pas encore remise de Chido, Mayotte de nouveau placé en alerte cyclonique
Moins d'un mois après le passage dévastateur du cyclone Chido sur Mayotte, l'archipel a de nouveau été placé samedi en alerte cyclonique orange, a annoncé la préfecture de Mayotte, en prévision du passage de Dikeledi, tempête annoncée comme très pluvieuse.
Le niveau orange implique dès à présent "l'arrêt de la circulation des barges" (les ferrys locaux), a précisé sur X la préfecture, mettant en garde contre "une dégradation significative des conditions météorologiques" dès samedi soir. Cette vigilance s'accompagne désormais d'une vigilance jaune fortes pluies, indique le dernier bulletin de Météo-France.
"Il faut se préparer sérieusement à l'éventualité d'un passage du cyclone au plus près et au déclenchement de l'alerte rouge", a averti la préfecture de ce département d'Outre-mer de 320.000 habitants.
Le préfet François-Xavier Bieuville a précisé que le cyclone devrait, selon les prévisions, passer à moins de 110 km des côtes sud de l'archipel. "On a même des systèmes qui nous disent 75 km", a-t-il souligné lors d'une conférence de presse à Mamoudzou samedi matin. "On sera probablement en alerte rouge ce soir", a-t-il prévenu.
Dans la capitale mahoraise, Camelia Petre, 35 ans, explique à l'AFP qu'elle sera a priori à l'abri dans sa maison qui "a tenu lors de Chido" et cette habitante "hébergera des amis et collègues qui eux ont perdu leur maison". Mais elle se fait du "souci pour la population précarisée" à qui elle essaie de "transmettre le plus d'informations possible".
"Les collines sont fragilisées", "les habitats de fortune ont été reconstruits, mais d'une façon encore plus fragile, donc le vent, qui risque de prendre les matériaux et de les transformer en projectiles, et la pluie et la boue qui vont s'écouler, c'est un vrai danger !", s'inquiète cette professionnelle de l'aménagement urbain.
Dans son dernier bulletin, Météo-France prévoit en effet "une importante dégradation pluvieuse et venteuse", évoquant "de très fortes pluies pouvant générer des inondations".
Les prévisionnistes anticipent toutefois un affaiblissement du cyclone dans la nuit de samedi à dimanche "au stade de forte tempête tropicale, avant de circuler au large du sud de Mayotte en journée de dimanche".
A 09H46 locales (07H46 à Paris) samedi, Dikeledi se trouvait à moins de 700 km à l'est de Mayotte et à quelque 200 km des côtes malgaches, selon Météo-France.
- "Evénement humide" -
L'entrée en vigueur de cette alerte orange survient moins d'un mois après le passage du cyclone Chido, le plus dévastateur qu'ait connu le petit archipel de l'océan Indien en 90 ans.
"On est encore noyé dans la gestion de crise du premier cyclone", affirme David Georgette, dont les commerces connaissent un "balai d'experts" mandatés par les assurances pour évaluer les dégâts. "A titre professionnel, on se prépare" au passage de Dikeledi, "on va faire en sorte de libérer les équipes à l'heure pour qu'elles regagnent leur domicile", explique ce commerçant de Mamoudzou.
Le préfet a demandé aux maires de rouvrir les centres d'hébergement (écoles, équipements municipaux, gymnases, etc.) qui avaient pu accueillir quelque "15.000 personnes" lors du précédent épisode cyclonique. Il a également demandé "des positionnements de forces, notamment de pompiers" dans des "zones extrêmement fragiles de bidonvilles à Mamoudzou, à Koungou (côte nord de Grande-Terre, NDLR), sur Petite-Terre à La Vigie".
Les éventuelles coulées de boue constituent "des risques importants", a encore souligné le préfet. "Chido était un cyclone sec, on a eu très peu de pluie. Cette tempête tropicale est un événement humide, on va avoir beaucoup de pluie", ce qui "sur un sol déjà fragilisé (...) par Chido, risque d'entraîner des événements de cette nature."
Chido a causé des dommages colossaux dans le département le plus pauvre de France. Le passage de ce cyclone tropical intense a fait au moins 39 morts et plus de 5.600 blessés, détruisant de très nombreuses habitations précaires et en dur du 101e département français et endommageant fortement les infrastructures comme l'hôpital.
Les cyclones se développent habituellement dans l'océan Indien de novembre à mars, mais cette année, les eaux de surface sont proches de 30°C dans la zone, ce qui fournit plus d'énergie aux tempêtes, un phénomène de réchauffement climatique observé également cet automne dans l'Atlantique nord et le Pacifique.
(O.Agard--LPdF)